Intervention de Jean-Pierre Raffarin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 28 juin 2017 à 10h00
Audition sur la crise diplomatique dans le golfe

Photo de Jean-Pierre RaffarinJean-Pierre Raffarin, président :

Mes chers collègues, permettez-moi de saluer la présence de MM. Placé et Vallini, qui rejoignent notre assemblée après leur expérience gouvernementale. C'est un plaisir de les retrouver parmi nous.

Mes chers collègues, je souhaite en votre nom la bienvenue aux trois experts qui ont bien voulu éclairer notre commission sur la crise diplomatique dans le Golfe relative au Qatar : Mme Agnès Levallois, consultante, vice-présidente de l'IReMMO (Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient) ; Mme Fatiha Dazi-Héni, responsable de programme à l'IRSEM (Institut de recherches stratégiques de l'École militaire) et maître de conférences à l'IEP de Lille, spécialiste de la péninsule arabique ; M. Stéphane Lacroix, professeur associé à l'École des affaires internationales de Sciences Po et chercheur au CERI (Centre d'études et de recherches internationales conjoint à Sciences Po et au CNRS).

Nous avions d'ailleurs déjà bénéficié de l'expertise de Mme Dazi-Héni et de M. Lacroix, l'année dernière, pour une audition sur l'Arabie saoudite. Merci à tous les trois d'avoir accepté de participer à l'audition d'aujourd'hui.

Je signale à tous que cette audition fait l'objet d'une captation vidéo, retransmise sur le site internet du Sénat.

Le 5 juin dernier, l'Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn et l'Égypte, puis le Yémen ont rompu leurs liens diplomatiques avec le Qatar, lui reprochant de soutenir le « terrorisme » et de déstabiliser la région. Un blocus terrestre, maritime et aérien a été organisé contre Doha. Cette crise brise de fait l'unité du Conseil de coopération du Golfe. Elle est évidemment problématique, alors que la stabilité régionale est nécessaire pour lutter contre le terrorisme et pour résoudre les autres crises en cours, en Syrie et en Libye notamment.

Pour essayer de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la situation, je propose que nous procédions en deux séquences. Chaque fois, nos trois experts auront dix minutes pour répondre synthétiquement à deux questions, avant de répondre aux interrogations de ceux de nos collègues qui souhaiteront intervenir.

Première question : d'où la crise est-elle née ? Quelles sont ses racines ? Au-delà des motifs officiels, quels sont les véritables griefs de Riyad et de ses alliés contre le Qatar ? La bonne entente relative de l'émirat avec l'Iran ? Le soutien qu'il apporte aux Frères musulmans égyptiens et à d'autres organisations apparentées dans la région ?

Plus généralement, quelle part les choix de politique étrangère de Doha ont-ils prise dans l'opposition de ses voisins, et dans quelle mesure les déclarations du Président Trump en Arabie saoudite, décrivant un nouvel « axe du mal », ont-elles pu servir de déclencheur ?

Deuxième question : où la crise peut-elle mener ? Toutes les puissances qui se sont exprimées ont appelé au dialogue entre les parties, et le Koweït conduit une médiation entre Riyad et Doha. La Turquie a également proposé ses services de médiation, mais cette offre a été déclinée par l'Arabie saoudite : quelle est la stratégie du Président Erdogan ? Quelle est celle de l'Iran, qui a mis en place un pont aérien et maritime pour assurer le ravitaillement du Qatar malgré le blocus ? Quels buts l'Égypte poursuit-elle ?

Par ailleurs, quelle peut être la portée, pour la suite des événements, de la récente décision prise par le roi Salman d'Arabie saoudite de désigner son fils, Mohammed ben Salman, dit MBS, comme prince héritier ?

Se dirige-t-on vers une forme de recomposition régionale ? Que peuvent, dans cette perspective, la France et les États-Unis, qui multiplient actuellement les contacts en faveur de la désescalade ?

Je cède tout d'abord la parole à M. Lacroix, pour un cadrage régional.

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