Intervention de Alar Streimann

Commission des affaires européennes — Réunion du 13 juillet 2017 à 9h10
Institutions européennes — Audition de M. Alar Streimann ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'estonie en france

Alar Streimann, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Estonie en France :

Viendra ensuite la Bulgarie.

À la suite de la signature du traité d'adhésion, puis d'un référendum en 2003, l'Estonie a adhéré à l'Union européenne. Elle a pris la présidence du Conseil de l'Union européenne depuis le 1er juillet 2017, alors que cela aurait pu intervenir bien avant. Est-ce un bon choix ? Le pays est plus riche qu'avant et le monde a beaucoup évolué depuis les débuts de l'Union européenne. Les défis à relever me semblent encore plus intéressants. Et si l'on peut critiquer l'Union européenne, elle présente toutefois de nombreux avantages pour les Européens. L'Estonie, en tant qu'État membre exerçant la présidence du Conseil, veut croire que l'Europe est suffisamment unie et déterminée pour faire face à de nouvelles problématiques. Nous avons confiance dans nos forces et dans nos capacités à transformer celles-ci en opportunités.

La présidence de l'Estonie va durer six mois. Elle est différente de celle qui s'exerçait voilà dix ou vingt ans, puisqu'elle doit notamment assurer officiellement la représentation de l'Union européenne à l'international. Le Conseil de l'Union européenne est une entité juridique unique, mais il se réunit en dix formations différentes en fonction du sujet traité, lesquelles sont présidées par la présidence semestrielle.

Chaque Européen attend de la présidence l'impartialité la plus totale. La nôtre se veut efficace, ouverte et transparente. Nous apporterons une attention particulière aux technologies numériques, à l'économie innovante et à la sécurité, sans oublier la préservation de l'environnement.

Durant les six prochains mois, la présidence se focalisera sur quatre grands thèmes, en gardant toujours à l'esprit le maintien de l'unité de l'Union européenne. Depuis la décision du Royaume-Uni, certains s'interrogent en France sur l'efficacité de l'Union et sur l'adéquation des priorités aux demandes des populations. Nous devons écouter attentivement les difficultés invoquées par tous les citoyens européens, et trouver des voies pour avancer.

Les objectifs importants, tant pour l'Estonie que pour la présidence, sont les suivants : une économie européenne ouverte et innovante, une Europe sûre, une Europe numérique et la liberté de mouvement des données, enfin, une Europe durable et ouverte à tous.

C'est uniquement en agissant ensemble sur la scène internationale que nous pourrons garantir la paix et la prospérité. Nous devons renforcer la sécurité intérieure pour mieux lutter contre le terrorisme et le crime organisé. Cela passe par une meilleure coopération, grâce à l'interopérabilité des systèmes d'information et une meilleure qualité des échanges de données. Nous devons également mettre en place une politique en vue de résoudre la crise migratoire et poursuivre nos efforts pour moderniser le régime d'asile européen commun.

Il est très important de promouvoir un partenariat oriental efficace avec, d'une part, les pays du Caucase, et, d'autre part, l'Ukraine, la Moldavie et la Biélorussie. Ces efforts sont essentiels pour assurer la stabilité et des relations pacifiées à l'Est. Il faut veiller à maintenir chez nos partenaires un intérêt à coopérer.

Enfin, nous devons développer la coopération européenne de défense et le partenariat entre l'Union européenne et l'OTAN.

S'agissant de l'économie européenne, nous voulons promouvoir les quatre libertés européennes fondamentales, à savoir la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes. Toutefois, cette volonté se heurte à de nombreux obstacles, tels que le travail détaché, qui a fait l'objet de nombreuses discussions entre les ministres concernés en Estonie. Il est nécessaire de trouver des solutions à ce type de problèmes. Il faut prévoir de nouvelles possibilités de financement en faveur des entreprises. À la présidence, l'Estonie s'intéressera à tous les aspects importants de l'Union de l'énergie. Elle visera notamment à établir un marché de l'électricité stable et efficace. Enfin, l'Estonie veut favoriser la concurrence tout en empêchant l'évasion fiscale.

J'en viens à l'Europe numérique et à la liberté de circulation des données. La présidence estonienne se concentrera sur le développement des commerces et services en ligne transfrontaliers, y compris pour les services publics. La liberté de mouvement des données est essentielle pour le développement d'une société numérique.

Je citerai également l'Europe inclusive et durable. L'Estonie veut se concentrer sur la modernisation de l'éducation et du marché de l'emploi, pour garantir l'égalité des chances pour tous et renforcer la compétitivité européenne.

Outre les quatre priorités officielles, d'autres objectifs parallèles se sont dégagés, en particulier le Brexit, sujet très sensible dont l'issue est encadrée par des délais. Pour mener à bien les négociations qui ont déjà commencé, la responsabilité de la Commission est engagée, de même que celle des États membres.

La nécessité de développer la coopération pour assurer la sécurité au sein de l'Union européenne fait désormais l'objet d'un consensus, alors que cette question suscitait des divisions auparavant. Plusieurs projets sont en préparation, qui devraient être finalisés en septembre prochain. Les pays membres font preuve d'une grande volonté en la matière.

Je m'attarderai quelques instants sur le numérique que j'ai déjà évoqué, car il est extrêmement important pour l'Estonie.

La présidence estonienne veut développer une société numérique dans tous les domaines. Le numérique est un véritable service public pour les Estoniens, puisqu'il représente 10 % du PIB. Il facilite énormément la vie quotidienne de nos concitoyens et a des incidences sur la coopération entre les pays membres de l'Union, en ce qu'il facilite les échanges de données plus détaillées concernant les ressortissants de pays tiers entrant ou sortant de l'Union européenne. Il convient cependant de tempérer cet optimisme, car tous les États disposent d'un système d'enregistrement qui leur est propre. De plus, le manque d'interopérabilité ou de volonté représente un obstacle parfois insurmontable.

En ce qui concerne la concurrence, l'Union européenne doit maintenir sa position face aux États-Unis, à la Chine ou à la Russie, qui ont tous développé le numérique.

J'espère que la présidence estonienne du Conseil de l'Union européenne sera calme et exempte de toute crise majeure. Il faut rester prudent et se tenir prêts à discuter à tout moment avec nos voisins.

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