Intervention de Alar Streimann

Commission des affaires européennes — Réunion du 13 juillet 2017 à 9h10
Institutions européennes — Audition de M. Alar Streimann ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'estonie en france

Alar Streimann, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Estonie en France :

S'agissant de la migration, les ministres de l'intérieur de l'Union européenne se sont réunis à Tallinn le 6 juillet pour évoquer le plan d'action présenté en urgence par la Commission pour venir en aide à l'Italie, débordée par les arrivées incessantes de migrants sur ses côtes. Cette réunion informelle du Conseil s'est tenue deux jours après une rencontre à Paris entre la France, l'Allemagne, l'Italie et la Commission. À cette occasion, les échanges de vues ont été plus francs.

La migration et l'asile sont au coeur des réflexions qui permettront de prendre une décision au mois de septembre pour apporter des solutions. Presque tous les pays s'accordent sur la nécessité de travailler avec les pays tiers pour endiguer le phénomène. Cela soulève la question des relations avec la Libye et les pays voisins. Il faut trouver des pistes pour dissuader les Libyens de quitter leur pays. Nous devons notamment développer un code de conduite applicable en Méditerranée pour éviter l'amplification des flux de migrants.

Il est nécessaire de lancer une politique commune de rapatriement des migrants. Cette idée est soutenue par quelques États, même si l'opinion publique réagit différemment sur ce sujet dans chaque pays - et que les considérations de politique intérieure influent aussi. Je me réjouis toutefois d'une certaine unité entre Européens en ce domaine. C'est le plus important.

L'Estonie a toujours beaucoup profité de l'ouverture des marchés. Dans les années 1990, nous avons pris d'importantes décisions, qui n'ont pas toujours été prises dans d'autres pays. Les débats sur la sécurité des données sont récents. En Estonie, ils sont inexistants. Mes concitoyens font largement confiance au numérique : un tiers choisissent de voter par Internet. Il serait difficile de les mobiliser sur l'idée que les entreprises américaines créent des problèmes. Qu'elles doivent payer des impôts, oui, mais leur chercher noise uniquement parce qu'elles sont plus efficaces ne serait pas compris ! D'ailleurs, dans l'automobile, les Américains sont loin d'être les meilleurs.

Quant à la sécurité numérique, j'ai découvert que le niveau de protection en Estonie est trois fois plus élevé qu'ailleurs en Europe. Nous devons faire quelque chose. À cet égard, la directive relative à la protection des données est très importante, et la tâche est énorme.

Pour se prononcer sur l'axe franco-allemand, je crois que nous devons attendre le résultat des élections en Allemagne. Les propos du Président Macron sur l'avenir de l'Union européenne ont beaucoup compté pour nos partenaires. Il souhaite lancer un grand débat sur l'avenir de la zone euro ; ce sera une question difficile, car la mutualisation de l'endettement est loin de faire l'unanimité. De toute façon, six mois de présidence tournante ne sauraient suffire à résoudre toutes les questions !

L'Estonie est bien représentée auprès des GAFA, mais pas par un ambassadeur, pour autant que je sache. Il s'agit plutôt d'organismes publics comparables à ce qu'est pour vous Business France.

Les relations avec la Russie sont gelées depuis le début du conflit en Ukraine. L'Europe a pris des sanctions contre la Russie, et réciproquement... Nos ministres des affaires étrangères se rencontrent, mais sans plus. Cependant, l'Estonie est l'un des trois États qui ont une frontière commune avec la Russie - une position particulière. En pratique, nous avons donc des relations de voisinage, qui sont bonnes, nous discutons sur les questions de pêche, d'environnement, ou d'autres. En revanche, les grands sujets politiques sont bannis. Le gazoduc North Stream 2 est une question de nature essentiellement politique, même si le dossier comporte aussi des aspects liés à l'environnement... Je souligne que l'Estonie n'a pas besoin de cette infrastructure pour son approvisionnement. Nous avons à ce jour diversifié nos sources, via la Lituanie, par exemple.

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