Intervention de Alar Streimann

Commission des affaires européennes — Réunion du 13 juillet 2017 à 9h10
Institutions européennes — Audition de M. Alar Streimann ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'estonie en france

Alar Streimann, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Estonie en France :

Vous entendant, je me dis que les Estoniens sont assez proches des Français, nous avons les mêmes débats. Je suis fier, sachant que la majorité des grands projets utilisés dans le monde sont américains, que le seul utilisé par tout le monde en Europe ait été développé en Estonie.

J'ai pris connaissance du rapport mentionné par M. Sutour et je salue, plus largement, le travail des sénateurs, qui est toujours intéressant et sérieux. Nous n'avons pas l'équivalent.

Vous m'avez interpellé sur le partenariat euro-méditerranéen : il n'est pas oublié, au contraire, il est présent dans chaque format, chaque politique menée par l'Europe. D'autant que les thèmes qui suscitent la réflexion actuellement - migrations, réfugiés, sécurité, guerre, menaces, pauvreté - vont de pair avec une attention permanente portée à cette région. Notre attention est moindre, je le reconnais, vis-à-vis de l'Afrique sub-saharienne : l'Estonie est l'un des plus petits pays au monde, qui ne peut tout faire, nous suivons donc en confiance la France sur ce sujet. Je suis tout de même accrédité en Tunisie, seul pays maghrébin où l'Estonie est représentée. C'est un défi car nous ne connaissons pas la région ! Cela ne nous empêche pas de contribuer à l'action en faveur de la Libye : mon pays a fait un don d'un million d'euros pour les migrants sur place. Et réciproquement, nous souhaitons que la France, l'Italie ou l'Espagne portent une plus grande attention aux régions de l'Est de l'Europe, que nous connaissons mieux. Le monde ne prend pas fin aux frontières de l'Europe...

Oui, il y aura un sommet franco-africain à l'automne.

La solidarité à l'égard des migrants : vaste question ! L'opinion publique réagit différemment d'un pays à l'autre. L'Estonie a accepté d'accueillir le même nombre de migrants que la France, mais ses habitants ne supportent pas l'idée d'une obligation imposée par Bruxelles. En effet, après avoir perdu 20 % de sa population durant la Seconde Guerre mondiale, après l'occupation allemande puis russe, les déportations en Sibérie, l'immigration de Russes et l'établissement d'une minorité russophone importante - tout-de-même 25 % de la population ! -, nos compatriotes ont acquis une sensibilité très vive sur ces questions. Il est impensable pour eux que l'on décide ailleurs qui peut venir et vivre en Estonie. C'est ainsi, chaque pays a son histoire, son expérience, dont il faut tenir compte. Et le processus d'intégration des nouveaux arrivants prend du temps, il ne faudrait pas idéaliser la situation.

Le débat sur un budget de la zone euro a réapparu il y a plusieurs années, mais aucune décision n'a été prise. La réflexion se poursuivra. D'ores et déjà, je puis vous transmettre une question du peuple estonien : pourquoi l'Union européenne a-t-elle besoin de plus d'argent ?

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