Intervention de Édouard Philippe

Réunion du 1er août 2017 à 16h45
Questions d'actualité au gouvernement — Nouvelle-calédonie

Édouard Philippe :

Monsieur le sénateur, vous m’interrogez sur l’engagement du Gouvernement et sur mon implication personnelle dans la construction de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, et je vous en remercie.

Je veux vous dire à nouveau combien je suis conscient des enjeux et des défis considérables qui nous attendent, collectivement, en Nouvelle-Calédonie.

Comme vous, je veux éviter que les tensions ne s’avivent à l’approche de la consultation sur l’accession à la pleine souveraineté.

J’ai indiqué, dans ma déclaration de politique générale, quelle était l’ambition du Gouvernement sur ce sujet, et vous savez que, dès ma nomination, j’ai entrepris de rencontrer toute une série d’acteurs politiques, parlementaires ou non, et d’acteurs culturels de Nouvelle-Calédonie, pour mieux saisir, pour mieux mesurer et, pour tout dire, pour mieux comprendre l’ampleur de ces défis et la complexité de ces enjeux.

Je l’ai fait, et je vais continuer à le faire, comme l’ensemble du Gouvernement d’ailleurs, dans un esprit d’écoute et en suivant une valeur à laquelle vous êtes particulièrement attaché, car c’est une valeur océanienne : l’humilité.

Tel est également l’esprit qui a guidé la visite en Nouvelle-Calédonie de Mme la ministre des outre-mer, que je tiens à saluer. Au cours de la semaine dernière, elle a effectué son premier déplacement dans les outre-mer, et elle a choisi de se rendre d’abord en Nouvelle-Calédonie. Elle y a rencontré un grand nombre d’acteurs. Elle aussi a cherché à mieux comprendre, mieux saisir et mieux mesurer l’ensemble des enjeux du processus, et au-delà.

L’humilité, que je crois indispensable pour aborder les questions qui sont devant nous, s’impose tout d’abord devant la force de l’engagement de celles et ceux qui ont œuvré, parfois au prix de leur vie, pour tracer un chemin de paix et marcher de concert vers ce destin commun qui est désormais un acquis.

Monsieur le sénateur, je le sais, vous avez contribué à tracer ce chemin, notamment en proposant que le drapeau du FLNKS soit érigé au côté du drapeau français.

Cette humilité, c’est aussi celle qui doit nous saisir devant la responsabilité collective, qui nous revient à tous, en tant qu’acteurs du processus de l’accord de Nouméa.

Au fond, nous devons organiser, dans la transparence, un scrutin dont la légitimité ne pourra pas être contestée. C’est une priorité pour le Gouvernement, c’est une priorité de mon action, et c’est une priorité difficile à atteindre techniquement, vous le savez.

Nous voulons aussi profiter des fruits de la réflexion, souvent remarquable, menée par les nombreux experts missionnés par les non moins nombreux gouvernements qui se sont intéressés à ce sujet. Il y a de la connaissance acquise, il y a de l’expérience acquise, et il serait absurde, voire contre-productif, de vouloir s’en passer.

Si j’apporte cette précision, c’est parce que, en la matière, l’ensemble du Gouvernement entend s’inscrire dans une histoire et dans une continuité : c’est aussi une forme d’humilité, et il me semble que cette attitude est indispensable.

Nous pouvons nous appuyer sur des acquis irréductibles, qui sont l’œuvre de l’amitié civile et de la réconciliation engagée par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, que je tenais à citer ici.

Nous avons un grand nombre de points de convergence, qu’il s’agisse des valeurs aux sources de la société calédonienne comme de l’organisation institutionnelle ou du principe de la citoyenneté calédonienne.

Vous avez rappelé la devise de la Nouvelle-Calédonie : « Terre de parole, terre de partage. » Vous souhaitez, à juste titre, que l’État, plus encore que le Gouvernement, qui est à la fois acteur et arbitre du processus, ait lui aussi une parole. C’est le sens du déplacement de Mme la ministre des outre-mer, qui, à cette occasion, a insisté sur plusieurs enjeux : l’action en faveur de la jeunesse, la lutte contre l’insécurité, le soutien à la filière du nickel ou encore la préservation de la biodiversité.

Comme vous l’avez évoqué, j’aurai l’occasion de me rendre sur place au cours de la première quinzaine de décembre, après que les échéances électorales auront permis de renouveler les sénateurs de Nouvelle-Calédonie et après que nous aurons réuni, en octobre, un comité des signataires pour étudier, dans le détail, les conditions d’organisation de la consultation qui se tiendra au cours de l’année 2018.

Je profite de ce moment pour vous le dire, je compte bien que le comité des signataires, qui sera précédé par beaucoup d’entretiens, nous permettra d’échanger ces « bouts de parole » auxquels l’ensemble des acteurs de Nouvelle-Calédonie sont attachés.

Mesdames, messieurs les sénateurs, se prononcer sur l’accession à la pleine souveraineté, ce n’est pas se prononcer pour ou contre le destin commun. Ce destin commun est acquis : il est l’un des acquis de toutes les discussions, de tout le partage qui a eu lieu depuis maintenant de nombreuses années, et il ne doit pas être remis en cause !

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