Absolument. Au fond, cela pose la question plus générale de la recommandation temporaire d'utilisation (RTU). C'est une situation dans laquelle le directeur général de l'agence décide d'autoriser l'utilisation d'un médicament hors des critères de son autorisation de mise sur le marché (AMM), car il existe une présomption d'efficacité et un profil de risque acceptable. Cette procédure permet finalement de transférer la responsabilité du praticien vers l'autorité publique, en l'espèce le directeur général de l'agence...
Dans le cas du baclofène, nous disposions d'une étude qui révèle qu'à haute dose, le profil de risque n'est pas acceptable. C'est pourquoi nous avons modifié la RTU pour diminuer le dosage du médicament.
Par ailleurs, nous poursuivons les études sur le rapport bénéfice-risque de ce même médicament ; elles devraient être terminées d'ici la fin de l'année. Si ce rapport est positif, je m'en féliciterai, tant la maladie alcoolique est difficile à traiter. Je suis médecin psychiatre, j'ai beaucoup travaillé avec des malades alcooliques et je connais les difficultés. Celui qui croit que cette maladie se traite uniquement avec un médicament se fait des illusions et en crée dans l'esprit de ses patients ; le problème doit être abordé d'un point de vue clinique, individuel, psychologique, social et médicamenteux.
Au sujet du film La fille de Brest, je crois qu'il est globalement réaliste, même s'il s'agit naturellement d'une fiction. Beaucoup de choses ont changé depuis ces événements, notamment à la suite de la loi de 2011. Tout est-il réglé pour autant ? Non, bien évidemment. Il existe toujours des risques et il faut être chaque jour attentif pour renforcer la sécurité.
En ce qui concerne les vaccins, je rappelle qu'une décision a été prise sur le caractère obligatoire de onze valences contre trois aujourd'hui, mais il ne s'agit pas de nouveaux vaccins. Ils existent déjà et nous sommes à un niveau de couverture d'au moins 80 %, mais c'est insuffisant, car il faut atteindre environ 92 % - 95 % pour que la population soit protégée. Tous les pays ne rendent pas la vaccination obligatoire, mais ce qui est fondamental, c'est d'atteindre un niveau suffisant de couverture.
Je crois que certains oublient trop facilement les épidémies et les décès qui survenaient avant la vaccination et qui surviennent encore aujourd'hui dans certains pays. Lorsque je travaillais pour Médecins sans frontières, j'ai vu des épidémies de rougeole tuer plus de 30 % des enfants non vaccinés ! Nous avons un peu oublié cette réalité, car les gens non vaccinés sont finalement couverts par ceux qui le sont.
J'ai aussi été interrogé sur l'aluminium, adjuvant qui permet une activité plus importante du vaccin. Les travaux en cours sur le franchissement de la barrière encéphalique, notamment menés par le professeur Gherardi, doivent se poursuivre, mais nous n'avons pas d'études sur les effets néfastes de l'aluminium. Je rappelle que la plupart des vaccins ont des adjuvants aluminiques ; des centaines de millions de personnes ont donc été vaccinées avec de tels vaccins de par le monde et aucun effet épidémique massif n'a été observé.