Madame la ministre, je salue un certain nombre de vos annonces, notamment le travail que vous avez commandé au HCE sur les violences obstétricales, qui méritent d'être explorées. En matière de droits des femmes, la visibilité des discriminations et des inégalités est déterminante pour les faire reculer.
Par ailleurs, l'objectif d'égalité professionnelle ne doit pas faire oublier celui de l'égalité salariale, essentielle, et parmi les leviers pour l'atteindre, il faut poursuivre le difficile travail engagé sur les grilles de classification, bien que le MEDEF y soit très réticent. Or une grande partie des inégalités entre les femmes et les hommes en matière salariale et professionnelle se jouant dans ces grilles de classification. Je constate que la même tâche, effectuée dans des métiers à dominante féminine ou masculine, n'est pas référencée de la même façon et ne donne pas lieu à la même rémunération : ainsi, porter un sac de 50 kg de ciment rapporte « plus » que de soulever des enfants ou des personnes malades...
Ce travail sur les classifications est primordial parce que les questions d'égalité professionnelle se jouent certes à la tête des entreprises, au sein des conseils d'administration, chez les cadres ou dans le top management, mais surtout, pour l'immense majorité des femmes, dans les métiers plus communs. Je connais davantage de femmes aides à domicile que membres de comité exécutif de sociétés du CAC40.
Je me félicite également que vous poursuiviez le travail sur la visibilité. À cet égard, la ministre chargée de l'égalité femmes-hommes peut s'appuyer sur un tissu associatif extrêmement fort, actif, réactif et militant, qui présente la spécificité par rapport à d'autres ministères d'être aussi l'opérateur des politiques publiques que nous conduisons.
Vos services extérieurs, vos services déconcentrés sont avant tout constitués par les associations, car avec les déléguées régionales et les déléguées départementales aux droits des femmes - et encore je ne crois pas que tous les postes soient pourvus -, votre ministère possède peu de services déconcentrés. C'est pour cela qu'il faut considérer les associations comme les partenaires privilégiés de votre ministère et non pas comme des lobbies revendicatifs. C'est d'elles que l'on a besoin pour conduire non seulement les politiques publiques, mais aussi tout le travail de révolution culturelle de la société. Mon ministère avait lancé le plan d'actions et de mobilisation « Sexisme, pas notre genre » avec un groupe d'associations qui a constitué un formidable socle d'appui.
Je compatis avec vous sur les arbitrages budgétaires pour les avoir endurés, et même si au cours du précédent quinquennat, mes prédécesseures et moi-même avons obtenu une augmentation de 50 % des crédits alloués aux droits des femmes, inutile de vous dire que cela n'a jamais été suffisant. D'ailleurs je rappelle qu'Yvette Roudy disait déjà la même chose en 1983 ! Je comprends donc bien qu'il soit prématuré de donner des indications budgétaires chiffrées, puisque vous n'êtes encore qu'en phase d'arbitrage, pour autant et j'en suis désolée, des chiffres circulent et génèrent une bien légitime inquiétude. Je souhaite que vous puissiez préserver votre budget que le Parlement pourra examiner à l'automne.