Intervention de Marlène Schiappa

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 20 juillet 2017 : 1ère réunion
Audition de Mme Marlène Schiappa secrétaire d'état auprès du premier ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes

Marlène Schiappa, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes :

Madame la ministre Laurence Rossignol, le travail et les études que vous aviez engagés sur les grilles de classification avec l'Observatoire de l'égalité doivent effectivement être poursuivis, j'ai d'ailleurs déjà reçu des partenaires sociaux, la CGT qui m'avait sollicitée en premier et, prochainement, le MEDEF.

Votre initiative « Sexisme, pas notre genre » dont j'avais le plaisir d'être l'une des marraines - j'ai d'ailleurs toujours l'autocollant sur mon téléphone - sera aussi bien évidemment poursuivie en collaboration avec un réseau de formidables associations engagées.

J'ai créé l'association féministe dénommée Maman travaille, développée en réseau, dont j'ai assuré la présidence pendant une dizaine d'années, et comme bénévole dans de nombreuses associations féministes ou en qualité de maire-adjointe, j'ai soutenu et défendu des budgets en obtenant même 600 % d'augmentation dans des collectivités ! Il s'agissait d'ailleurs d'un véritable travail de diplomatie...

Les discussions budgétaires sont en cours et le budget se construit ; certains disent que le budget baisse mais je demande à être jugée sur les actes, à l'issue des derniers arbitrages avec mes interlocuteurs sensibilisés sur les droits des femmes. Notre objectif est qu'il soit maintenu et que globalement il augmente, avec un concours de moyens interministériels, mais je compromettrais mes négociations si je faisais d'ores et déjà comme si elles avaient été suivies d'effets, alors que tel n'est pas le cas. La seule demande que je formule, et je l'ai indiqué aux associations, je veux être très claire là-dessus, c'est de nous laisser mener cette négociation. Des garanties leur ont été données quant au maintien des subventions versées par le secrétariat d'État et des documents en ce sens leur ont été adressés.

Nous devons tenir les engagements souscrits dans le cadre de la campagne vis-à-vis de nos concitoyens, notamment en termes d'impôts, mais j'ai aussi le plus grand respect pour le travail des associations et je ne veux pas laisser dire que j'entretiens un rapport de force avec elles ; nous maintenons un contact permanent avec les associations subventionnées par notre secrétariat d'État. J'entends parfaitement leurs inquiétudes de ne pas encore avoir reçu leurs subventions depuis le début de l'année, ce qui suscite des craintes quant à la poursuite des actions qui leur tiennent à coeur et quant au maintien de leurs emplois. Nous travaillons à y remédier avec mes services et les administrations.

J'ai pour l'instant rassuré en paroles les associations qui sont dans leur rôle en faisant part de leurs inquiétudes dans le débat public : c'est ce que j'ai fait pendant des années en tant que lobbyiste ou présidente de réseau.

Je partage absolument ce qui a été dit sur l'accompagnement et le suivi des personnes prostituées, c'est pour moi une priorité, ainsi que je l'ai rappelé lors de mes réunions avec l'ensemble du réseau déconcentré. J'ai prévu aussi de rencontrer le Mouvement du Nid à ce sujet ; les dispositifs d'accompagnement et de sortie de la prostitution des personnes prostituées n'ont pas encore été mis en oeuvre parce que la loi est récente et que nous attendons qu'un décret en Conseil d'État soit pris pour pouvoir agir administrativement selon la volonté politique qui est la nôtre et que je réaffirme.

Concernant l'intervention de Laurence Cohen, je porte au crédit de la CGT d'avoir contribué à diffuser l'accouchement sans douleur en France, on le sait trop peu. Cependant, sans refaire le débat qui a déjà eu lieu au HCE, je ne pense pas que la progression des droits ne s'obtienne nécessairement qu'à l'issue de mouvements sociaux.

Je partage d'autant plus votre inquiétude sur la gynécologie médicale qu'en 2001, à 18 ans, j'étais candidate sur une liste associative dont le mot d'ordre était la sauvegarde de la gynécologie médicale à Paris, liste qui n'a obtenu que moins de 2 % des suffrages. Ce n'était donc pas un franc succès, mais c'est un combat que je partage !

J'entends ce que vous me dites sur le nombre de places en crèche dans les collectivités et nous allons les soutenir, la difficulté étant de définir avec chacune comment satisfaire les demandes. Certaines sont très faciles à contenter : à Paris, la maire-adjointe à la petite enfance est animée par une volonté politique de créer des places Elle en a d'ailleurs déjà créé beaucoup, mais le coût très élevé du foncier rend difficile le bouclage d'un budget équilibré. A l'inverse, dans les zones rurales, il est souvent hasardeux pour les maires de créer des places et d'embaucher du personnel en l'absence de visibilité sur la natalité à deux, trois ou cinq ans. L'État ne doit pas se substituer aux élus locaux en arbitrant à leur place des politiques publiques, mais venir en soutien, comme vous l'avez indiqué. Je suis donc bien évidemment preneuse de vos préconisations sur ce sujet.

Monsieur le sénateur Gournac, je vous remercie de votre soutien et partage ce qui vous avez dit sur la publicité : quelqu'un arrivant en France qui n'aurait une image des femmes que par la télévision pourrait penser qu'elles sont passionnées par la lessive, la dégustation de yaourts à 0 %, vivent dans leur cuisine et ne sortent que pour se mettre en maillot de bains devant une voiture de luxe !

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