Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Dans le cadre du projet d’absorption d’Alstom par Siemens, le ministre de l’économie et des finances, M. Le Maire, a annoncé son intention de ne pas lever l’option d’achat des actions détenues par le groupe Bouygues dans le capital d’Alstom. L’argument invoqué par le ministre de l’économie est que « l’État a un rôle à jouer dans l’économie, mais ce rôle […] n’est pas d’être assis sur un strapontin… ».
Cet argument désolant est irrecevable, car, en rachetant les actions détenues par Bouygues, l’État deviendrait le premier actionnaire d’Alstom avant son absorption par Siemens, ce qui lui permettrait de peser sur les choix stratégiques ultérieurs. M. Le Maire prétend que l’État serait plus efficace en se contentant de figurer dans un comité de suivi. Or, malgré la création d’un tel comité concernant le site de Belfort, les engagements pris sont loin d’être tenus.
Par ailleurs, lors de l’absorption d’Alstom-énergie par General Electric, des promesses avaient été faites par le groupe américain à M. Macron, alors ministre, de créer un millier d’emplois en France. À ce jour, General Electric en a, en fait, supprimé autant, comme à Grenoble dernièrement, où notre collègue Guillaume Gontard a apporté son soutien aux salariés de General Electric Hydro.
Une coopération étroite entre grands groupes industriels du ferroviaire est nécessaire, mais l’opération en cause n’est européenne que dans ses naïves intentions françaises, comme l’a écrit l’AGEFI. Il faut en finir avec ce dogme consistant à prétendre que, pour coopérer efficacement, il faut fusionner.
Avec l’absorption d’Alstom par Siemens, près de 2 milliards d’euros, qui pourraient servir à autre chose, seront dilapidés en dividendes et primes de contrôle aux actionnaires, soit l’équivalent de huit années du budget de R&D d’Alstom.
Tout se passe comme si le Gouvernement favorisait les intérêts financiers des actionnaires de contrôle du groupe Bouygues au détriment de l’intérêt national.
Monsieur le Premier ministre, ne dilapidez pas les atouts stratégiques d’Alstom ! Nous vous demandons instamment d’exercer l’option d’achat de l’État sur les titres détenus dans Alstom par le groupe Bouygues et de suspendre l’opération annoncée pour ouvrir un large débat démocratique sur les conditions d’une alliance effective entre égaux, …