Je remercie le président de la Conférence des présidents d'université de venir nous présenter la situation des universités, qui est un peu pessimiste.
Le contexte actuel est lié à l'augmentation importante du nombre d'étudiants. Cela pose la question des conditions d'entrée à l'université. Certains n'y ont peut-être pas leur place. Il existe aujourd'hui un vrai problème d'orientation, mais aussi de formation. C'est la raison pour laquelle je pense que la mise en place de prérequis est fondamentale. Il est vrai que la ministre a lancé une concertation qui doit normalement aboutir prochainement et permettre de supprimer le tirage au sort.
De manière générale, j'ai l'impression que cette rentrée a été mal préparée. Ce n'est pas du fait de la ministre, mais certainement lié au changement du gouvernement. Notre système d'orientation se voulait très égalitaire, mais il n'était pas symbole de sincérité et d'équité vis-à-vis de nos étudiants. Le plus grand scandale reste celui de la première année, où 40 % des étudiants ont des difficultés. À ce jour déjà, de nombreux étudiants ont quitté les bancs de l'université. Cela pose un vrai problème car certains n'ont pas eu la chance de pouvoir être pris via le système d'APB et ne suivent actuellement aucune formation. Je sais que vous êtes opposés à cette sélection brutale et unilatérale à l'université mais le mot sélection ne doit pas être tabou. Certains parlent de prérequis, cela ne me gêne pas. Des filières doivent se développer avec des profils plus atypiques. Les membres du groupe Les Républicains ont toujours été favorables à une sélection juste pour l'accès à l'enseignement supérieur. La présidente a rappelé tout à l'heure les excellents travaux de Guy-Dominique Kennel sur l'orientation. Son rapport préconisait, lui aussi, l'instauration de prérequis. Jean-Léonce Dupont proposait une sélection pour tous, garante de la réussite étudiante. Cette réforme doit s'accompagner d'un travail d'orientation dès le lycée. Trop d'étudiants s'inscrivent à l'université parce que le baccalauréat est le sésame pour y entrer. Or, il y a peu, un doyen de la faculté de médecine me disait que depuis vingt ans, aucun étudiant avec un bac professionnel n'a réussi le concours de médecine. On trompe ces bacheliers dans l'orientation.
L'augmentation des places dans certaines filières constitue une autre difficulté. On a parlé des STAPS ou des études de psychologie. Les bacheliers professionnels et technologiques doivent s'orienter vers des filières plus courtes, souvent encombrées par d'autres étudiants qui les utilisent pour passer dans des écoles d'ingénieur ou de commerce via les passerelles en diplôme universitaire de technologie (DUT) ou en institut universitaire de technologie (IUT).
En troisième lieu, je veux insister sur le travail de réorientation à l'université. Il faut mener une vraie réflexion sur les passerelles qui ne sont pas suffisamment mises en place. Enfin, on constate une paupérisation des outils pédagogiques. Il nous faut imaginer de nouvelles méthodes de communication et d'enseignement pour permettre un peu plus de « cousu main ».
J'en viens aux trois questions que je souhaitais vous poser : Quelles sont les propositions de la CPU pour améliorer l'orientation avant l'université et au cours de la première année universitaire ? Thomas Piketty affirmait récemment que le budget par étudiant avait chuté de près de 10% entre 2008 et 2018 : assiste-t-on aujourd'hui à une paupérisation de l'université ? Enfin, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités a ouvert la voie à la dévolution du patrimoine universitaire. Pourquoi les présidents des universités n'entrent-ils pas dans ce système de dévolution ?