Intervention de Pierre Ouzoulias

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 18 octobre 2017 à 10h30
Rentrée universitaire — Audition de M. Gilles Roussel président de la conférence des présidents d'université cpu

Photo de Pierre OuzouliasPierre Ouzoulias :

Je souhaite saluer de façon forte votre engagement républicain. Il est bon d'entendre que l'objectif de l'éducation nationale, consiste d'abord de hisser vers l'université la part la plus importante possible d'une classe d'âge. Aujourd'hui, alors que nous sommes tous conscients que l'avenir de notre pays est dans la connaissance, dans la science, ainsi que dans la construction d'un esprit critique et citoyen, il est bon d'entendre répéter que c'est aussi l'un des engagements de l'université française. S'il y a bien quelque chose que ne prend pas en compte le classement de Shanghai, c'est cela.

À propos de la sélection, j'ai enseigné comme vous. La plupart des étudiants qui arrivent condamnés par avance dans nos filières le font parce que toutes les autres possibilités leur ont été interdites. Ce sont des choix par défaut. Et si demain, la porte de l'université se ferme aussi à eux, nous les retrouverons directement sur le marché du travail, sans formation. Je ne pense pas que la mise en place de prérequis serait une solution mettant fin à tous nos problèmes. En effet, les universitaires qui arrivent aujourd'hui en thèse se retrouvent sur un marché précarisé. La précarisation des docteurs est très forte. Même la sélection élitiste ne fonctionne pas. Dans le monde de la recherche, l'entrée dans le métier, que ce soit au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ou à l'université, se fait de plus en plus tardivement. Il me semble que l'âge moyen d'entrée au CNRS est de 37 ans. Vous avez jeté un voile pudique sur les différences de rémunérations entre chercheurs français et allemands. La différence de traitement indiciaire va du simple au double. Sans parler des moyens mis à leur disposition. Nous avons accumulé depuis des années un très grand retard. Les syndicats estiment qu'il faudrait environ 2 milliards d'euros par an pour remettre à niveau notre système universitaire. Nous serons à vos côtés pour exiger du gouvernement cet engagement budgétaire fort sur la longue durée.

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