Intervention de Mounir Mahjoubi

Réunion du 25 octobre 2017 à 14h30
Intelligence artificielle enjeux économiques et cadres légaux — Débat interactif

Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé du numérique :

Madame la sénatrice, je partage votre attitude critique envers les longs rapports qui se succèdent. La mission que nous avons confiée à M. Cédric Villani, comme celui-ci l’a régulièrement rappelé, n’est sûrement pas de nous rendre un nouveau rapport. Il s’agit plutôt de nous présenter des orientations pratiques sur les débats qu’il est urgent de mener, mais aussi sur les enjeux d’investissement industriel qu’il aura considéré, à la suite de ses auditions, comme majeurs.

Les deux rapports que vous avez bien voulu citer, et que j’ai beaucoup appréciés, photographient l’existant et font de nombreuses recommandations qui, si elles étaient toutes mises en place, consommeraient plusieurs fois notre budget annuel. Il est maintenant important d’arriver à une phase de décision stratégique qui soit à la hauteur de nos choix stratégiques et de nos capacités d’investissement.

Vous avez abordé plusieurs sujets : en premier lieu, comment augmenter la capacité de nos très petites entreprises, de nos start-up et de nos PME à développer ces nouvelles technologies, puis à les vendre sur le territoire européen, et même au-delà. Comment les identifier, comment les faire grandir, comment s’assurer de leur croissance ?

Un autre sujet est la relation de ces entreprises avec l’État. Vous avez évoqué l’achat public. On peut aussi mentionner la relation de l’État avec les grands groupes exportateurs, qui, quoiqu’ils aillent très loin et soient très compétitifs, n’amènent pourtant pas avec eux ces technologies, voire utilisent des technologies étrangères pour remporter d’autres appels d’offres, y compris sur ces sujets.

Vous avez aussi évoqué la question du financement. J’y reviendrai plus tard, parce que je sais que beaucoup d’entre vous l’ont mentionnée. Je veux parler de stratégie.

Aujourd’hui, il faut que nous soyons capables, à l’échelon national, d’identifier ces technologies de rupture ; en effet, on peut toujours appeler à la création d’un fonds pour l’investissement dans les technologies de rupture, mais encore faut-il les identifier. Les pays que vous avez cités, ceux qui ont réussi à avancer sur ces sujets, pilotent, au niveau régional ou national, l’existence de recherches et l’émergence de start-up sur un sujet donné. Quand on identifie qu’un sujet ne reçoit pas l’attention nécessaire, alors on est capable de diriger, d’investir et d’aller plus loin.

Ainsi, sur l’intelligence artificielle et sur la cybersécurité, sujets extrêmement porteurs et créateurs de valeur, nous n’avons pas encore de pilotage national, de regard ni d’observatoire européen. Un débat a eu lieu hier sur cette question. Aujourd’hui, nous manquons d’un regard stratégique. Je ne veux pas déflorer notre recommandation finale, mais il faudra que nous nous dotions de cette capacité. Je sais en tout cas que je pourrai compter sur vous, car vous en débattez depuis longtemps ; vous devez aussi être convaincus que vous pourrez compter sur moi pour le porter.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion