Intervention de Mounir Mahjoubi

Réunion du 25 octobre 2017 à 14h30
Intelligence artificielle enjeux économiques et cadres légaux — Débat interactif

Mounir Mahjoubi :

Monsieur le sénateur, vous posez la question de la transformation des compétences, des emplois et des outils de formation et m’interrogez sur la façon dont nous sommes capables de mettre en place le pilotage de cette transformation. Sur ce sujet, nous avons décidé d’avoir une vision très pragmatique, qui traite à tous les étages des différents niveaux de compétences.

Ce sont d’abord les compétences numériques universelles, ou « littératie numérique », qui doivent être accessibles à tous : fonctionnaires, salariés et même personnes qui ne sont pas dans l’emploi. Quinze, vingt, trente, voire quarante heures sont indispensables pour acquérir les premières compétences numériques, celles qui semblent une évidence pour nous tous, mais qui, aujourd’hui, ne sont pas maîtrisées par près de 13 millions de Français, soit quasiment 20 % de la population. C’est un enjeu dans l’emploi et hors de l’emploi, sur nos territoires.

Ce sont ensuite les compétences professionnelles d’emplois nouveaux à créer et d’emplois nouveaux à conquérir. Certains, qui savent déjà très bien lire, très bien écrire, utiliser un ordinateur, vont voir une partie de leur emploi se transformer en emploi du numérique. Il faudra que notre outil de formation professionnelle soit capable de les accompagner en quelques mois.

Pour tous ceux qui sont hors de l’emploi et qui vont aller vers des métiers complètement nouveaux, deux possibilités existent. Pour la très haute compétence, l’université, dans le cadre du LMD, licence-master-doctorat, proposera de nouvelles formations.

Le PIA 3 contient d’ailleurs un chapitre intitulé « nouvelles formations ». Tout à l’heure, j’ai évoqué les nouvelles écoles de recherche. Les nouvelles formations qui viennent d’être retenues sont intéressantes : elles concernent des métiers et proposent des contenus pédagogiques que nous ne connaissons pas et qui formeront nos ingénieurs et nos experts de demain.

Par ailleurs, plusieurs centaines de milliers de techniciens doivent être formés. Là, notre outil de formation n’est pas prêt. C’est un véritable enjeu pour le ministre de l’éducation nationale, la ministre de l’enseignement supérieur, la ministre du travail et moi-même : nous travaillons à créer de la souplesse et de la capacité, avec des formations de type « Agile » ou d’un type nouveau, qui n’entrent pas forcément dans le cadre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur ou de la certification professionnelle.

Je pense ainsi à la Grande École du numérique, qui certifie plusieurs centaines de formations sur tout le territoire. Il en existe plusieurs près de chez vous, mesdames, messieurs les sénateurs : là, au sein de vos territoires, les gens sont formés sans discrimination de parcours préalable et obtiennent, dans des formations de six mois à deux ans – la durée est flexible –, non pas un diplôme, mais une certification et un ensemble de compétences sur des emplois nouveaux où il y a de la recherche d’emploi.

Aujourd’hui, la ministre du travail et moi-même menons une réflexion sur la façon de développer ce type de formation à une plus grande échelle. Nous avons en effet la conviction que, sur les emplois de techniciens et d’assistants-techniciens, dans la sécurité des réseaux, dans le e-commerce, dans l’assistance aux nouvelles technologies, nous aurons besoin de médiateurs entre les salariés, les clients et les technologies et qu’il est possible de former ces personnes.

C’est à nos yeux une occasion majeure ! Pour ma part, je crois très fortement aux techniciens. Je vous rappelle – c’est l’occasion de parler de soi de temps en temps !

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