Monsieur le sénateur, ce rapport m’a été remis personnellement et j’ai pu en discuter avec Mme Gillot. La capacité des auteurs du rapport à problématiser une grande partie des sujets m’a paru remarquable.
Vous avez évoqué les quinze recommandations finales. Selon moi, ces dernières font partie de l’ensemble des sujets sur lesquels nous devrons répondre à l’issue de la mission qu’aura conduite M. Villani.
S’agissant du volet éthique, que vous avez abordé, la loi pour une République numérique, qui a été défendue par Axelle Lemaire, a confié à la CNIL la mission d’avancer sur le sujet global de l’éthique dans les technologies. Un rapport intermédiaire doit être rendu dans les prochaines semaines ; un rapport définitif le sera dans quelques mois.
La proposition de créer un institut s’entend. On l’a déjà fait sur quelques grands sujets, comme sur les questions de bioéthique, où la science va plus vite que notre capacité à analyser ses conséquences, ce qui oblige à se doter d’un outil capable de maîtriser cette vitesse. On a parfois tellement eu peur de cette vitesse que l’on a créé des moratoires, pour avoir le temps de nous arrêter et de réfléchir avant de continuer.
Sur l’intelligence artificielle, il ne s’agit pas aujourd'hui de fixer un moratoire, mais on voit que des inquiétudes se font jour. Dans le même temps, les interventions dans ce débat témoignent de l’océan infini des opportunités que l’intelligence artificielle représente pour un meilleur vivre ensemble.
Poser la question de l’existence d’un institut, c’est s’interroger sur le rôle que l’on voudra lui donner. Avant que cette instance puisse exister, c’est le Parlement qui représente le collectif.
À cet égard, le débat d’aujourd'hui invite à contrôler le Gouvernement, à savoir s’il a investi suffisamment d’argent et s’il maîtrise ces questions. Surtout, il permet que nous puissions nous demander collectivement si les représentants des Français que nous sommes tous sont certains que ces derniers se posent bien les questions au bon niveau.
J’espère que des questions seront présentées en séance plénière pour que nous puissions aborder le rapport de Cédric Villani en séance plénière. Je souhaite que nous puissions débattre longuement de certaines de ces questions et que ce débat fasse naître des oppositions. En effet, j’ai la certitude que le sujet du modèle numérique que l’on doit retenir – il en existe plusieurs dans le monde – mérite un débat politique. Je veux que l’on parvienne à une conclusion sur ce qui fait la France numérique, la France de l’intelligence artificielle.