Intervention de Benjamin Griveaux

Réunion du 25 octobre 2017 à 14h30
Participation dans l'entreprise outil de croissance et perspectives — Débat interactif

Benjamin Griveaux, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances :

Je vous remercie, madame la sénatrice, d’avoir fait un peu de philosophie à cette heure avancée de notre débat ; cela ne fait jamais de mal…

Dans notre pays, on n’aime pas la réussite, ce qui est doublement problématique. Quand vous avez monté une boîte, que vous vous plantez – cela peut arriver ! – et que vous allez voir une banque pour en monter une deuxième – on peut se tromper ! –, vous avez beaucoup de mal à vous faire entendre : vous n’avez pas le droit d’échouer.

À l’inverse, quand vous réussissez, cela crée une petite suspicion : certains se disent que vous n’avez pas dû prendre les bons chemins et que c’est un peu suspect. Il y a donc dans ce pays incroyable une forme de schizophrénie : on n’a pas le droit de réussir ni d’échouer. Et cela limite évidemment un peu les perspectives…

La philosophie que le Gouvernement compte déployer dans ce projet de loi important pour l’entreprise, la création, la croissance, la transformation de l’entreprise, est d’accepter que des personnes échouent, car ce n’est pas grave. Steve Jobs était connu pour s’être fait virer d’Apple. Il est revenu, il a fait autre chose et il a eu le succès que l’on sait.

Soyez donc rassurée, telle est la philosophie qui est la nôtre.

Par ailleurs, vous avez évoqué un second point important : la question de la confiance entre les salariés et le chef d’entreprise.

Pour avoir dirigé deux petites entreprises que j’avais créées avec quelques salariés, je ne me reconnais pas dans les caricatures de chefs d’entreprise qu’on présente parfois comme avides, intéressés par le profit et ne pensant qu’à cela. Quand vous êtes dans des structures de moins de dix ou vingt personnes, vous appelez chacun des salariés par leur prénom et vous connaissez même les prénoms de leurs enfants parce qu’ils vont souvent dans la même école que les vôtres, dans la même rue ou le même quartier. La relation est donc différente. C’est l’un des éléments essentiels qui fait partie, me semble-t-il, de la bataille culturelle que j’ai longuement évoquée au début de mon propos.

En effet, si l’on considère que la relation dans l’entreprise ne peut se construire, s’imaginer ou se penser que dans le cadre de très grandes entreprises avec des logiques très verticales puisque les personnes ne se connaissent pas forcément – il est impossible de connaître les milliers de collaborateurs d’un même groupe –, on se trompe. Tout l’objet de ce projet est de se tourner vers les petites entreprises et nos PME pour leur permettre de grandir et de faire tomber les barrières concernant la confiance, la redistribution des fruits de la croissance de l’entreprise – la croissance ne sera juste que si elle est partagée – et la gouvernance, avec une meilleure association des salariés à la décision.

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