Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur Grosperrin, j’ai le sentiment que, pendant très longtemps, on s’est demandé avant tout si c’était les mots ou la réalité qui comptait le plus. Et l’on tranchait souvent la question en disant que c’était les mots, les principes, et en examinant peut-être moins qu’il ne le fallait la réalité de l’enseignement supérieur.
La réalité de l’enseignement supérieur, quelle est-elle aujourd’hui ? Elle est une sélection massive par l’échec ; elle est une sélection injuste par le tirage au sort. En disant cela, je décris une réalité qui n’est pas satisfaisante et qui même, à certains égards – pardon d’employer ce terme –, n’est pas glorieuse.
Elle n’est pas glorieuse collectivement, s’agissant d’un dispositif qui est pourtant essentiel à l’avenir de notre pays, à la formation de sa jeunesse, au relèvement du défi de l’intelligence collective, au relèvement du défi individuel de l’épanouissement par l'intelligence. Au total, nous obtenons des résultats qui ne sont pas glorieux.
Certes, il y a encore de remarquables résultats à l’université et dans l’ensemble de l’enseignement supérieur français, bien entendu, mais 60 % de ceux qui entrent à l’université n’obtiennent pas leur licence au bout de quatre ans. C’est cela la sélection par l’échec, avec en outre un système de tirage au sort qui est évidemment d’une très grande injustice.
J’ai voulu, avec la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et avec le ministre de l’éducation nationale, concevoir un système qui permettrait d’apporter des réponses crédibles à ces dysfonctionnements, en faisant le pari de l’orientation et de l’association des enseignants du second degré et des enseignants du supérieur à la définition de ce qui est nécessaire pour que l’étudiant réussisse. Nous avons fait le pari de la réussite pour les étudiants !
Cela passe par une meilleure orientation lors du second cycle et par une meilleure information sur la réalité des filières, sur leurs succès et sur ce qui est attendu d’un étudiant. Ainsi celui-ci aura-t-il les meilleures chances de réussir dans la filière qu’il aura choisie.
Vous l’avez dit à juste titre, monsieur le sénateur, le dispositif que nous proposons prévoit que l'étudiant aura le dernier mot dans le choix de la filière, mais que l'établissement aura le dernier mot en matière de définition du parcours de l'étudiant.