Monsieur le président, je tiens, tout d'abord, à vous féliciter pour votre brillante élection. Le suspens était insoutenable. Mais il est vrai que, souvent, les primaires sont plus délicates que l'élection elle-même.
Je veux attester du fait que cette délégation à la prospective, à laquelle je participe depuis quelque temps avec beaucoup de plaisir, a l'avantage de permettre des échanges de vue en dehors du cadre habituel, parfois restrictif, de nos différentes composantes politiques, et ce sur des questions et des sujets absolument essentiels pour le devenir de notre société. Cela a été fort justement souligné, plus l'on apprend, plus l'on a le sentiment de ne pas savoir grand-chose.
Vouloir imaginer la société dans trente ans, vingt ans, ou - pourquoi pas ? - vingt-cinq ans, c'est très bien. Mais ayons l'ambition tempérée par le réalisme, soyons objectifs, car, au fil des réunions, le nombre de participants ne sera pas toujours aussi important que ce matin. Il y a deux niveaux dans le travail de la délégation, et je tiens d'emblée à souligner le précieux concours que nous apportent les administrateurs à cet égard. Le premier, c'est l'élaboration de rapports, même s'il est probablement trop tôt ce matin pour choisir dans quelle voie nous allons nous engager. Laissons à chacun d'entre nous, notamment à celles et ceux qui viennent de nous rejoindre, le temps de la réflexion.
Le second niveau, que je trouve intéressant et passionnant, c'est l'organisation d'auditions de personnalités et d'experts sur de nombreux plans - économique, sociologique, voire philosophique. Celles-ci nous permettent de tirer la substantifique moelle de tout ce que nous pouvons entendre. Il me paraîtrait important que ces auditions puissent avoir un caractère contradictoire. Nous aurions tout intérêt à faire venir deux personnalités aux avis divergents - je pense, par exemple, à Jean Tirole, le dernier prix Nobel d'économie français, et à Thomas Piketty -, ce qui nous permettrait, avec l'humilité qui convient, de nous faire notre propre opinion.
S'il me semble fondamental de continuer à travailler sur ces deux niveaux, peut-être pourrions-nous communiquer davantage sur les auditions que nous organisons, comme nous le faisons sur les rapports que nous publions. Sans doute sommes-nous un peu trop modestes de ce point de vue.