Je n’ignore pas la contrainte budgétaire qui est la vôtre – c’est aussi la nôtre ! Je suis, moi aussi, partisan d’économies courageuses sur le train de vie de l’État, mais taillons dans les dépenses de fonctionnement, et non d’investissement. En effet, je considère que la politique culturelle extérieure est un investissement, qui rapporte ensuite à notre économie culturelle, créative, touristique, mais aussi, tout simplement, industrielle.
Bien souvent, et vous le savez aussi bien que moi, les succès culturels de la France à l’étranger précèdent et préparent ses succès commerciaux.
Pour contourner cette contrainte budgétaire, il faudrait faire preuve d’imagination et développer, ici ou là, des solutions innovantes qui permettront à la culture française de garder sa place dans le monde. Ne pourrait-on, par exemple, envisager des regroupements, des mutualisations, à une échelle soit européenne, soit francophone ?
Les actions conjointes franco-allemandes me semblent, à cet égard, particulièrement intéressantes. Je me suis laissé dire que, à Rangoon, l’Institut français de Birmanie partageait ses locaux avec le Goethe-Institut… Mais peut-être pourrait-on aller plus loin qu’une simple colocation ? Le conseil des ministres franco-allemand de juillet dernier a d’ailleurs évoqué la création d’instituts culturels franco-allemands intégrés dans le monde, peut-être au Ghana, en Mongolie, en Tanzanie…
Pouvez-vous, monsieur le secrétaire d’État, nous en dire un peu plus et préciser quelle pourrait être le rôle de l’Institut français dans ces nouveaux dispositifs ?
La piste d’une coopération renforcée avec des équivalents francophones me semble également à étudier : la France porte bien souvent seule la charge financière de promotion de la langue française dans le monde. Nos collègues Louis Duvernois et Corinne Lepage ont d'ailleurs publié l’an dernier un rapport sur la francophonie qui formulait de nombreuses et intéressantes propositions pour une francophonie du XXIe siècle.
L’une de ces propositions était de « mutualiser nos actions, voire nos implantations culturelles et linguistiques, avec d’autres pays francophones ».
En avril 2015, avec la commission de la culture, j’ai eu l’occasion de visiter la Maison Denise Masson à Marrakech. Cet établissement est le fruit d’une coopération non pas seulement franco-marocaine, mais Francophonie-Maroc. Ce qui est bon pour la francophonie l’est aussi pour la France, et je suis persuadé qu’il existe, avec nos partenaires francophones, de belles occasions à saisir pour continuer à faire rayonner la culture et la langue françaises de par le monde.
Une telle proposition ne pourrait-elle pas s’intégrer dans le plan pour la promotion de la langue française dans le monde annoncé par le Président de la République le 2 octobre dernier ?