Intervention de Robert del Picchia

Réunion du 21 novembre 2017 à 15h10
Avenir de l'institut français — Débat organisé à la demande de la commission de la culture et de la commission des affaires étrangères

Photo de Robert del PicchiaRobert del Picchia :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, ce débat sur l’avenir de l’Institut français touche à une question fondamentale, qui est celle de notre diplomatie d’influence.

La France a été pionnière dans ce domaine. Elle hérite de son histoire une présence culturelle forte, sur tous les continents. Mais cet héritage n’est pas immuable. Il doit être non seulement préservé, mais aussi transformé, modernisé et adapté aux réalités du XXIe siècle.

En effet, la concurrence est forte, démultipliée par la mondialisation de l’information et le tournant des réseaux sociaux. Elle nécessite que nous soyons très présents, sur tous les fronts, pour défendre notre vision du monde. C’est pourquoi notre commission a appelé, dans un rapport récent de notre ancien collègue Jacques Legendre et d’Hélène Conway-Mouret, à une remontée en puissance de notre diplomatie culturelle. Nous renouvelons aujourd’hui cet appel.

Or où en est l’Institut français ? Je ne reviendrai pas sur la trajectoire budgétaire évoquée par la présidente Catherine Morin-Desailly, mais la question des moyens est évidemment essentielle.

Depuis sa création en 2011, l’Institut français a su imposer sa marque, comme symbole du rayonnement culturel de la France. Il est connu et remarqué dans le monde entier. Il faut d’ailleurs en remercier ses équipes et présidents successifs, qui ont su l’implanter dans le paysage culturel non seulement français, mais aussi mondial.

Au-delà de la seule culture française, l’Institut français encourage les échanges culturels à travers le monde, et se place ainsi comme un acteur important d’une diplomatie culturelle globale. Aujourd’hui, la perspective d’un rapprochement avec la Fondation Alliance française doit être l’occasion de mener une réflexion plus large sur le fonctionnement de notre diplomatie culturelle.

Monsieur le secrétaire d’État, j’évoquerai quelques pistes qui seront autant de questions.

Tout d’abord, la demande de culture française à l’étranger est multiforme et probablement variable selon les régions du monde, les pays et les publics, français ou étrangers.

Y a-t-il toujours concordance entre l’offre de culture française à l’étranger et la demande exprimée ? Sans se limiter à cette approche, adopter une démarche empirique, fondée en premier lieu sur le terrain et les retours d’expérience, me paraît essentiel.

Ensuite, pour une diffusion auprès de publics les plus larges possible, ne faut-il pas réfléchir aux synergies entre l’Institut français et les autres acteurs français à l’international ?

Les opérateurs de l’audiovisuel extérieur – TV5 Monde, France Médias Monde – sont des partenaires naturels de l’Institut français. Quel est le nombre de collaborations entre l’Institut français et les opérateurs audiovisuels ? Peut-on évaluer leur impact en termes d’audience ? Cela doit être possible, même si c’est difficile. Peut-on encore augmenter ces partenariats afin de permettre aux opérateurs audiovisuels de bénéficier de l’expertise de l’Institut français, et accroître l’impact de notre politique d’influence ?

Enfin, même si on ne peut évidemment pas réduire la diplomatie culturelle à cette dimension, elle est aussi un instrument de la diplomatie économique. Mes chers collègues, sachez que les exportations des industries culturelles et créatives françaises représentent 32 milliards d’euros. Comment l’Institut français est-il associé à cette dimension, qui est inséparable de son action ?

Pour conclure, monsieur le secrétaire d’État, je souhaiterais remercier la présidente de la commission de la culture, Catherine Morin-Desailly, d’avoir pris l’initiative de ce débat sur un sujet essentiel, dont nous suivrons avec attention les développements, en particulier le président de la commission des affaires étrangères, Christian Cambon.

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