Madame la présidente, madame la présidente Morin-Desailly, monsieur le président Cambon, mes chers collègues, je centrerai mon propos sur le rapprochement entre l’Institut français et la Fondation Alliance française.
Ces deux structures sont dans des situations très différentes, puisque l’Institut français est un établissement public chargé de la mise en œuvre de l’action culturelle extérieure de la France à l’international, parallèlement avec le réseau culturel de nos ambassades. La Fondation Alliance française anime quant à elle un réseau de 813 alliances locales, associations de droit local, qui réalisent plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et s’autofinancent à 96 %.
La Fondation connaît des difficultés financières très importantes, en raison notamment d’un conflit très dur qui l’oppose à l’Alliance française de Paris Île-de-France, mais aussi parce que la subvention de l’État à la Fondation a diminué de 20 % depuis 2013.
Sa situation est très critique et, pour en sortir, ses dirigeants sont prêts à saisir l’occasion intéressante du rapprochement souhaité par le Président de la République entre la Fondation Alliance française et l’Institut français. Ce rapprochement est souhaitable depuis longtemps. Jean-Marc Ayrault et moi-même avions commencé à y réfléchir voilà quelques mois. Il est aujourd’hui nécessaire, je dirai même inéluctable.
La complémentarité entre l’Institut français et l’Alliance française est telle que des synergies doivent être trouvées pour éviter des concurrences stériles et coûteuses. Je mentionnerai les cours de français en ligne : les alliances et les instituts sont actuellement en train de mettre en place des offres numériques concurrentes, ce qui n’est acceptable ni financièrement ni politiquement.
Il faut donc faire le contraire et développer la complémentarité de l’approche par la langue qui est celle de l’Alliance et de l’approche par la culture qui est celle de l’Institut français, puisque, on le sait, apprendre le français amène souvent à s’intéresser à la culture française ; réciproquement, s’intéresser à la culture française conduit souvent à apprendre le français.
Certes, ce rapprochement provoquera des réticences et des résistances. Pour avoir vécu le rapprochement entre l’Agence française de développement, l’AFD, et la Caisse des dépôts et consignations, la CDC, je me doute, comme vous, des problèmes que vous allez rencontrer, monsieur le secrétaire d'État… Mais ce rapprochement, je le répète, est aujourd’hui nécessaire.
Je terminerai par deux remarques complémentaires.
Tout d’abord, je suis convaincu, quitte à froisser quelques fonctionnaires du Quai d’Orsay, qu’il ne faut pas rester sur l’échec de 2010 du rattachement du réseau culturel public des ambassades à l’Institut français. La première rationalisation est là.
Ensuite, le rapprochement, que j’approuve, entre l’Alliance et l’Institut ne doit pas être seulement un moyen de gérer la pénurie de ressources publiques ; il doit s’accompagner de moyens supplémentaires pour donner à la France le rayonnement culturel qui doit être le sien en raison de son histoire et de sa culture.