Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, l’actualité récente ne me démentira pas : la France a retrouvé une place qu’elle n’aurait jamais dû céder dans le concert des nations.
Dans le droit fil de notre histoire, notre politique étrangère, indissociable de notre présence sur de nombreux théâtres d’actions militaires, entend être à la hauteur d’une France qui rayonne.
Si la fierté peut être de mise, sachons aussi rester modestes. Permettez-moi, monsieur le secrétaire d’État, d’exprimer une inquiétude, alors que nous débattons cet après-midi du rôle et de l’avenir de l’Institut français.
Cet établissement public, chargé de la délicate mission de favoriser la promotion des arts et des lettres à l’étranger, pour utiliser une expression volontairement désuète, vient d’atteindre l’âge de raison. Or ce jeune parcours n’a pas été un long fleuve tranquille : souvenons-nous de l’instabilité de la gouvernance et de la grève de 2015, qui nous avait conduits à constater que l’institut était en quête « d’un nouveau souffle, d’une nouvelle ambition et d’une position plus claire ».
Spectacle vivant, livre, cinéma, soutien à tous les savoirs et aux idées : tels sont les secteurs d’intervention de l’Institut français, aux côtés d’un réseau de 160 services de coopération, de 124 établissements à autonomie financière et de quelque 800 alliances françaises installées sur les cinq continents. Pourtant, d’un point de vue financier, cette année encore, si ce n’est pas la peau de chagrin, c’est au moins la disette.
Ne vous méprenez pas : je mesure qu’il importe de réduire la dette publique. Après avoir subi une baisse de 25 % entre 2011 et 2017, au prétexte que le numérique compenserait ce recul, les crédits alloués à l’Institut français stagneront en 2018. C’est bien et court à la fois… Sans sous-estimer l’importance des réseaux sociaux, il ne faut pas céder aux dangereuses illusions que peut nourrir la multiplication des clics.
Monsieur le secrétaire d’État, ne pourrions-nous pas sanctuariser ces crédits, afin de réaffirmer au monde que la patrie des droits de l’homme reste fidèle à sa vocation universaliste et aux Lumières, en même temps qu’elle n’hésite pas à être au diapason de la révolution numérique ?