J'ai pris le véhicule autonome en marche, puisque le groupe de travail sur la conduite autonome ou connectée avait déjà bien avancé ses investigations lorsque je l'ai rejoint. La poursuite de nos travaux m'offrira l'opportunité d'une plus grande implication personnelle sur ce thème passionnant, d'une actualité brûlante.
Pour cette raison, je limiterai aujourd'hui ma contribution personnelle à deux constats qui m'ont frappé lorsque j'ai pris connaissance du travail réalisé.
Tout d'abord, les problématiques du rapport dépassent très largement le cadre des transports routiers. Elles vont même au-delà de la thématique « transports », puisque la robotisation et le recours à l'intelligence artificielle vont largement déterminer l'évolution de nombreux secteurs d'activité humaine au cours des décennies à venir. C'est vrai de l'intelligence artificielle, dont les progrès se mesurent sur une échelle de temps fondée sur les mois, voire sur les semaines puisque deux évolutions majeures ont été rendues publiques depuis le début du mois d'octobre. Il s'agit de l'autoapprentissage initial sans intervention humaine et de l'aptitude nouvelle pour l'intelligence artificielle de se substituer aux ingénieurs en intelligence artificielle ! Cette faculté de reproduction devrait accélérer spectaculairement le rythme auquel nous verrons « naître » des applications concrètes, avec un contrôle humain toujours plus limité.
Le second point que je voudrais mentionner concerne l'extrême urgence pour les Européens d'agir de façon déterminée. Incontestablement, les véhicules du futur seront connectés, alors que le Vieux Continent ne joue plus aucun rôle actif dans l'industrie des communications, que ce soit via un réseau téléphonique ou par Wifi. Les informations reçues seront traitées par l'intelligence artificielle, domaine où les opérateurs européens s'efforcent d'exister, non sans mal face à l'avance des géants d'outre-Atlantique et la captation de trop nombreux ingénieurs, attirés par des rémunérations sans commune mesure avec celles qu'ils peuvent espérer sur le territoire européen. D'un côté, nous sommes dominés par des géants dont les budgets de recherche sont plusieurs centaines de fois plus élevés que ceux de leurs homologues européens. De l'autre, l'Empire du milieu fabrique bien des équipements de pointe et développe à grande vitesse des capacités de recherche avec des moyens qui excèdent largement ceux de leurs homologues européens.
À propos de conduite sans chauffeur, le rapport mentionne à juste titre un futur « imminent ». Ce futur nous laissera une certaine place à la condition sine qua non d'agir immédiatement pour la mériter. Si nous ne surmontons pas nos difficultés, ne nous resterons que des miettes !