Je ne demande évidemment pas que l’on suive l’avis du rapporteur de l’Assemblée nationale, sous prétexte que le Sénat n’aurait pas de rôle à jouer ! La commission de la culture du Sénat a toujours été d’accord sur cette question, d’autant que les gouvernements précédents, y compris celui que j’ai soutenu, ont tout le temps cherché à raboter là-dessus.
Le mécanisme est connu : on crée une taxe – là, c’était pour France Télévisions – et, comme son produit va au budget général de l’État, on grappille et on affecte cette recette à d’autres domaines, en oubliant la destination initiale. Ceux qui s’intéressent à ce sujet sont unanimes à le reconnaître.
Je mets en garde mes collègues qui s’inscriraient dans l’air du temps et dénonceraient le « gaspillage » à France Télévisions. Des rationalisations sont probablement encore possibles, mais je rappelle que la fusion de sociétés a été faite et qu’elle s’est accompagnée de plans sociaux, avec de nombreux licenciements. En outre, des engagements ont été pris avec l’État pour le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux, soit 600 emplois en moins au total, sans que cela suscite de remous, puisque les syndicats ont accepté de jouer le jeu, que vous le vouliez ou non. Des économies ont en outre été réalisées à Radio France, ce qui a provoqué une grève quelque peu historique…
La fusion de RFI et de France 24 a été réalisée, avec déménagement… On ne peut donc pas dire qu’aucun effort n’a été accompli, ce n’est pas vrai : mettez-vous aussi à la place de ceux qui travaillent et de ceux qui dirigent, qui ont essayé de faire les choses !
Au dernier moment, on déstabilise ce nouvel équilibre de façon totalement inutile. Pourquoi supprimer des émissions d’enquête et d’information si utiles à nos citoyens, notamment les émissions d’Élise Lucet le jeudi soir ? Pourquoi supprimer des chaînes de France 3 en région ? Si nous voulons défendre les chaînes régionales, si nous voulons défendre la création, si nous voulons défendre une information de qualité, cela a un coût !
Je souligne que le budget de France Télévisions et la redevance audiovisuelle sont moins importants que les sommes consacrées à l’audiovisuel public en Grande-Bretagne ou en Allemagne, pays qu’on nous donne pourtant en exemples à suivre dans de nombreux domaines.
Brisons les idées reçues. Le service public de l’audiovisuel est de qualité ; il peut ne plus l’être si l’on continue dans cette voie.