Le problème, c’est qu’il y a déjà eu une réforme sur le fond, qui a changé le financement : c’était en 2009 ! Vous étiez alors ministre, et vous avez défendu cette réforme de façon active. Le gouvernement de l’époque a supprimé 50 % du financement de l’audiovisuel public en remplaçant les recettes publicitaires par un dispositif fait de bric et de broc, à savoir des taxes multiples qui n’avaient rien à voir avec la télévision. Je pense notamment à la taxe payée par les opérateurs de communications électroniques pour quelque chose qui n’avait aucun rapport avec leur activité. À l’époque, vous n’avez rien proposé d’autre. Pourtant, on peut dire qu’on était déjà entré dans la même époque.
En quoi consiste la réforme de l’audiovisuel public proposée ? Il s’agit d’unifier et d’imposer des convergences entre les différents pôles. Vous, vous pensez que ça va diminuer les coûts. Moi, je ne le pense pas, mais, si tel est cas, je serai très content, sauf si les services en pâtissent. Ça, je ne le veux pas ! Quels sont ces services ? Une information de qualité ; des risques pris pour la qualité, parfois au détriment de la recherche d’audience ; un maillage territorial avec des antennes régionales, ce qui coûte cher ; un pool de reporters à l’étranger qui nous permettent de faire encore exister une information puisée par le service public à l’étranger. Le tout dans un environnement concurrentiel qui va nous détruire.
À l’inverse d’autres services publics, France Télévisions n’est pas en situation de monopole. Il y a des télés privées en France et, de plus en plus, la concurrence est mondiale, puisqu’on peut venir « capter » les téléspectateurs dans notre pays en n’ayant aucune relation avec la France, c’est-à-dire en étant à l’étranger. Nous devons avoir à l’esprit que la télévision ne se regarde plus de la même façon.
Dans un tel environnement concurrentiel, nous devons tenir comme à la prunelle de nos yeux à France Télévisions et lui donner les moyens de vivre, pour la culture, pour l’information, pour la citoyenneté. Ce service public montre des choses différentes de ce qui abreuve tous les jours nos concitoyens.