Ma question s’adresse au ministre de l’agriculture et de l’alimentation et porte, elle aussi, sur le glyphosate. Ce seul mot peut soulever des tempêtes. Entre querelles d’experts et surenchère des lobbies, le consommateur n’y voit plus clair. Pourtant, il est précisément au centre de ce débat européen, car il est question de santé publique.
Comme il y a un doute, notre responsabilité est d’appliquer le principe de précaution, mais le législateur que nous sommes n’a aucun critère objectif pour appréhender la dangerosité ou non de ce produit. En effet, depuis 2015, l’Organisation mondiale de la santé a émis des avis contraires sur cet herbicide ; idem pour l’Agence européenne de sécurité des aliments. Comment s’y retrouver ? Car, autour de ce débat scientifique, on retrouve des enjeux économiques et financiers énormes.
La Commission européenne vient d’autoriser la commercialisation du glyphosate pour les cinq prochaines années. Le Président Macron affirme que la France interdira ce produit au plus tard dans trois ans.
Monsieur le ministre, vous aviez pourtant affirmé ici même qu’il n’y aurait aucune surtransposition des normes. Vous avez expliqué votre position, mais je crains que le délai de trois ans ne soit trop court.
Ce délai de trois ans est-il suffisant pour trouver, grâce à la recherche, un produit de substitution ? Des agriculteurs se sont déjà tournés vers des pratiques vertueuses qu’il faut encourager, mais une large majorité n’est pas encore sur cette voie. Car, derrière les effets d’annonce, derrière les postures, il y a la réalité d’une filière et d’une consommation qui passe majoritairement par la grande distribution, et où l’origine des produits est mondiale.
Au-delà de l’interdiction, il est donc primordial de mettre en place une véritable politique de traçabilité. Monsieur le ministre, êtes-vous d’accord ? Cela vous semble-t-il possible dans un délai aussi court ? Par exemple, qui assurera au consommateur français que le pain qu’il achète n’est pas issu de farine de blé provenant du Canada, où le glyphosate a été reconduit pour quinze ans ?