Monsieur le sénateur Cabanel, le sujet du glyphosate est une parfaite illustration des tensions qui peuvent exister entre le possible et le souhaitable.
La Commission européenne, vous le savez, a clairement cherché un possible. Elle devait dégager une majorité qualifiée au sein des vingt-huit États membres pour les prochaines années. Cette majorité qualifiée, elle l’a trouvée hier sur la durée du renouvellement de l’autorisation, fixée à cinq ans. C’est beaucoup mieux que les dix ans jusqu’alors envisagés. Pourtant, ce possible ne règle pas deux problèmes. Tout d’abord, il n’assure pas la sortie automatique du glyphosate à la fin de la période. Ensuite, il ne prévoit aucune restriction d’usage permettant de préparer progressivement cette sortie.
Le Président de la République a redéfini, hier soir, le souhaitable. C’est son rôle. Il faut sortir au plus vite du glyphosate, mais ne pas laisser les agriculteurs sans solution. Il a fixé, pour ce faire, une échéance dans trois ans.
Cette tension entre le possible et le souhaitable, monsieur le sénateur, est exactement le moteur des états généraux de l’alimentation que nous conduisons en ce moment même. Il s’agit de partager des diagnostics, d’identifier des contraintes, de coconstruire des solutions, l’ensemble des acteurs concernés étant engagés dans ces actions.
Le Gouvernement est au travail. Notre tâche est de savoir comment nous allons accompagner, demain, les agriculteurs dans la recherche de leurs nouvelles pratiques agronomiques, pour faire en sorte d’en finir avec ce pesticide dont nos concitoyens ne veulent plus.
Comment allons-nous y parvenir ? Nous allons, dans un temps donné, mobiliser la recherche, les instituts techniques, toutes les forces de l’innovation et les intelligences collectives pour régler cette question et pratiquer, enfin, une agriculture durable et respectueuse de l’environnement.
Nous soutenons bien évidemment les agriculteurs. Je n’ai qu’un seul but : faire en sorte de les accompagner le mieux possible pour que la « ferme France » reste compétitive. Nous avons en effet besoin de cette compétitivité pour aller, demain, chercher des marchés et permettre à tous les agriculteurs de vivre dignement de leurs revenus.