Intervention de André Gattolin

Commission des affaires européennes — Réunion du 30 novembre 2017 à 8h30
Agriculture et pêche — Usage du glyphosate : communication de m. pierre médevielle au nom du groupe de travail composé en outre de mm. yannick botrel pierre cuypers daniel gremillet et claude haut

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

Moi aussi, je suis très « chiffonné » ! Il existe une pratique dans cette commission, qui vise à trouver un certain équilibre dans les propos que l'on tient.

J'ai bien peur que, dès lors qu'on parle d'agriculture, il n'y ait plus d'esprit d'équilibre, je le dis clairement. On a eu un rapport sur la filière lait qui constituait une ode à la ferme des mille vaches, dont on a dû réécrire une partie.

Je pense que nous ne gagnons pas en crédibilité en utilisant certains propos. J'aimerais d'ailleurs savoir si le ministère de l'écologie a été auditionné dans le cadre de vos travaux. Il est important de donner la parole à chacun. Vous avez le droit d'avoir des convictions, monsieur le rapporteur, mais il arrive un moment où on est dans l'exagération !

D'un côté, on dénonce une position politique, de l'autre on répond que la position doit être politique ! Bravo !

J'entends dire qu'en droit, le choix d'interdire le glyphosate serait impossible. Au contraire, la France peut arguer du risque sanitaire !

Quant à l'argument concernant le CETA, tous les produits importés devront respecter les règles que nous nous serons données. Cher collègue, vous pouvez contester les contrôles, en demander, mais n'affirmez pas des choses qui sont fausses !

Vous êtes tous spécialistes de l'agriculture. Tant mieux ! Vous êtes tous très liés à l'agriculture dans vos territoires. J'aimerais qu'à l'avenir ce groupe de travail équilibre ses propos. On parle de « bien-pensance » : est-on dans un jeu politique ou dans un travail politique sérieux, tel qu'on le fait généralement ?

Plutôt écologiste de formation, j'ai rédigé des rapports sur l'Arctique dans lesquels j'ai présenté les arguments de personnes favorables au développement économique de cette zone.

On sait que la moitié des comités scientifiques travaillent régulièrement pour l'industrie agroalimentaire. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises études. La question du caractère potentiellement cancérogène du glyphosate ne se pose pas seulement à propos des humains, mais aussi à propos de l'écosystème, des aliments. Les agriculteurs qui utilisent le glyphosate ne mangent pas leurs produits. Si on l'a supprimé des aires publiques où jouent les enfants, c'est parce que ces derniers touchent la terre et la portent à la bouche.

Un producteur céréalier ne consomme pas lui-même deux tonnes de son blé ! Ce n'est donc pas sa production qui est utilisée directement pour cuire le pain.

Il faut considérer ces sujets en termes de santé publique. La question des effets possibles sur la santé humaine ne s'analyse pas seulement au regard des conséquences éventuelles constatées sur une étude - bien sûr indépendante - tombée très opportunément trois ou quatre jours avant la décision.

J'aimerais qu'on auditionne le ministre de l'écologie. Allons jusqu'au bout, si vous avez de bons arguments à lui opposer...

Je suis « chiffonné » par la méthode de travail et par certains propos que j'ai entendus concernant le CETA ou l'absence de recours qui, à mon sens, ne sont pas vrais.

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