Intervention de Gisèle Jourda

Commission des affaires européennes — Réunion du 30 novembre 2017 à 8h30
Agriculture et pêche — Usage du glyphosate : communication de m. pierre médevielle au nom du groupe de travail composé en outre de mm. yannick botrel pierre cuypers daniel gremillet et claude haut

Photo de Gisèle JourdaGisèle Jourda :

Comme bon nombre de nos concitoyens, je m'interroge beaucoup sur ce sujet qui comporte plusieurs volets. Il a été décidé de renouveler l'autorisation d'utiliser ce produit pour cinq années supplémentaires. Cela va nous permettre de réfléchir, mais je pense qu'il ne faut pas minimiser l'impact de cette décision sur nos concitoyens, ainsi qu'en Europe.

On ne peut passer sous silence tous les atermoiements qui ont eu lieu autour de ce dossier, qui touche à la nutrition et au quotidien de nos concitoyens. Je suis d'une génération qui a connu les petits agriculteurs qu'évoquait notre collègue. Je me souviens du moment où l'on est passé au tout aliment pour les animaux. On nous disait à l'époque que c'était bien.

On a connu les poulets en batterie. On s'est ensuite battu durant des années pour les faire disparaître. On ne peut minimiser le fait que l'arrivée et la consommation de produits changent les habitudes de nos agriculteurs et mettent en cause leur qualité de vie. Il ne faut pas en douter : les personnes qui entendent parler de glyphosate, et qui ignoraient ce que c'était il y a quelques mois, se demandent quelle va être leur qualité de vie.

Le rapporteur a évoqué la question du Lévothyrox : souvenons-nous de l'émoi que cela a provoqué ! Rappelons-nous aussi la crise de la vache folle, il y a quelques années, qui était censée ne pas exister.

Comme le disait notre collègue Pierre Ouzoulias, il faut avoir un avis mesuré sur cette question, et surtout faire coexister le travail de nos agriculteurs avec la santé de nos sols, dont on ne parle pas assez. On sort de la COP 21, on en est à la 23e édition, ce n'est pas pour en revenir à des mesures d'attente ! Il faut que l'on réfléchisse à ce que l'on veut politiquement.

Enfin, Trèbes, la ville dont je suis conseillère municipale, abrite l'un des plus grands sites de Monsanto, au point de constituer, pour ainsi dire, une ville au sein de la ville. Il est vrai, pour l'avoir visité, que la partie consacrée au glyphosate est infime. Ils sont sur d'autres logiques et d'autres problématiques que celles de cet herbicide.

Je pense qu'il faut que nous gagnions en sagesse sur ce dossier, mais on ne peut affirmer que ce produit est dangereux ou ne l'est pas. Sans rejoindre la problématique du bien et du mal évoquée par M. Raynal, il faut considérer le sujet avec un peu plus de recul et prendre garde à ne pas se retrouver, du fait des mécanismes européens, piégés par la libéralisation des produits lorsque certains brevets sont tombés. On risque alors de passer à une autre échelle et de retomber sur les mêmes problématiques.

J'exprime ici une interrogation et un doute. Ce n'est pas un questionnement particulier, mais je crois qu'il faut prendre un peu de distance. Nous ne devons pas oublier qu'il faut que nos agriculteurs vivent, mais aussi que les consommateurs aient confiance dans nos produits, et que notre planète doit bénéficier d'une démarche visant à préserver davantage la sécurité sanitaire.

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