Intervention de Yannick Botrel

Commission des affaires européennes — Réunion du 30 novembre 2017 à 8h30
Agriculture et pêche — Usage du glyphosate : communication de m. pierre médevielle au nom du groupe de travail composé en outre de mm. yannick botrel pierre cuypers daniel gremillet et claude haut

Photo de Yannick BotrelYannick Botrel :

Le glyphosate, on le voit bien, est devenu un sujet emblématique. De façon plus large, c'est la question des pesticides en général qui est posée dans l'esprit de nos concitoyens, à laquelle s'ajoute une réelle défiance à l'égard de l'agrochimie.

Dans le passé, on a utilisé certains produits de façon massive dont on vantait à l'époque la parfaite innocuité comme, par exemple, le DDT. On voit les conséquences que cela a pu avoir par la suite. Ce sont aussi sur des expériences comme celle-là que se fondent les réactions de l'opinion publique.

S'agissant de la question de la santé en agriculture, la partie du rapport que j'ai lue fait allusion à l'étude conduite aux États-Unis durant vingt ans en Caroline du Sud et dans l'Iowa. Cela fait un certain nombre d'années que je souhaiterais recueillir l'ensemble des données sur le même sujet au niveau français pour savoir s'il existe, oui ou non, des anomalies ou une dégradation.

Pour ce qui est du modèle agricole, je pense qu'il se réoriente en permanence. Un exemple permettra d'illustrer mon propos : je lisais dans la presse spécialisée, cette semaine, que les coopératives agricoles de Bretagne ont mis en oeuvre, en 2017, des robots de désherbage mécanique dans la zone légumière. On cherche à progresser en matière de moindre consommation de produits phytosanitaires sur un certain nombre de cultures. Attendons de voir les résultats, mais il y a certainement des pistes à explorer dans ce domaine.

On voit aussi que l'idée de raisonnement agronomique, qui n'était peut-être pas celle des agriculteurs il y a dix ans, gagne du terrain, même chez eux. Ils sont aujourd'hui davantage prêts à explorer cette voie.

Je suis toujours frappé par le côté réducteur du débat consistant à incriminer les agriculteurs. Ils sont parfois jugés injustement.

Ainsi, il y a quelques années, nous réalisions une enquête sur la qualité de l'eau en Bretagne. On a alors mesuré les teneurs en pesticides, et singulièrement en glyphosate, dans une rivière appelée le Gouët. On s'est aperçu qu'à l'entrée de la petite ville de Quintin, on disposait d'une eau d'une certaine qualité mais qui, à la sortie de l'agglomération, s'était considérablement dégradée. La raison en était simple : les particuliers qui utilisent des pesticides n'hésitent pas à multiplier les doses par dix dans leur jardin - si ce n'est davantage - généralement sur des surfaces étanches comme des allées, etc. Tout cela finit à la rivière !

Là aussi, des progrès ont été réalisés, mais c'est dire si les responsabilités sont parfois largement partagées.

Quant au délai de trois ans ou de cinq ans pour mettre fin à l'usage du glyphosate, cela devrait probablement nous permettre d'envoyer des signaux et de voir comment progresser dans la voie que j'ai indiquée.

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