Intervention de Julien Bargeton

Réunion du 4 décembre 2017 à 10h00
Loi de finances pour 2018 — Culture

Photo de Julien BargetonJulien Bargeton :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la priorité de ce budget est claire : la démocratisation culturelle, l’accès de tous les publics à la culture ou encore l’éducation artistique, appelons cela comme l’on veut. En témoigne le pass culture, mesure que le Président de la République avait annoncée pendant sa campagne. Il s’agit de donner à chaque jeune de dix-huit ans un pass d’un montant de 500 euros destiné à financer des entrées dans des musées ou des monuments historiques, des places de spectacle, des livres ou de la musique. Ce pass doit être l’aboutissement du parcours d’éducation artistique et culturelle.

La mise en œuvre du pass culture sera à suivre avec attention ; le périmètre et les modalités de son financement doivent faire l’objet d’une réflexion approfondie en 2018. Un montant de 5 millions d’euros de crédits de paiement est d’ores et déjà inscrit au budget ; c’est beaucoup pour une préfiguration, mais cela permettra de financer les études et la conception d’un outil informatique innovant. Il faudra bien sûr s’inspirer de ce que font déjà certaines collectivités ou de l’expérience italienne.

Le coût estimé est de 140 millions d’euros par an pour l’État, mais cela représente le tiers du coût total, puisque la participation des distributeurs ou des grands acteurs d’internet est envisagée par le Gouvernement.

Avec l’ouverture des bibliothèques le dimanche, cette mesure met la question des publics au cœur de la politique culturelle. À ce titre, le choix d’un indicateur de performance centré sur les scolaires, et notamment sur le fait qu’ils bénéficient d’un parcours complet, est aussi un signal fort en lien avec l’éducation.

Ensuite, en matière de diffusion, l’installation de la Cité du théâtre aux Ateliers Berthier a retenu, cette année, notre attention. L’intérêt culturel de ce projet est incontestable. Celui-ci ne consiste pas seulement à réunir sur le site des anciens Ateliers Berthier, situés dans le XVIIe arrondissement, à la fois la Comédie-Française, le théâtre de l’Odéon et le Conservatoire national supérieur d’art dramatique – ce serait déjà beaucoup, d’autant qu’est prévu, enfin, le déménagement total et définitif de l’Opéra Bastille –, il répondra surtout aux besoins exprimés par chacun des trois établissements partenaires de l’opération, en les inscrivant dans la promotion des tournées, tant nationales qu’internationales. Faire davantage tourner les spectacles est indispensable.

Ce projet est un levier d’amélioration de la diffusion culturelle. Son montant est évalué à 145 millions d’euros ; il est financé, en partie – en petite partie, à hauteur de 20 millions d’euros, mais c’est tout de même important – sur fonds propres, c’est-à-dire grâce au mécénat et, surtout, à la vente de l’actuel site du Conservatoire. L’objectif, pour les établissements concernés, est aussi de pouvoir absorber le coût de fonctionnement de ces nouveaux locaux par des recettes supplémentaires et par les économies de gestion réalisées.

Toujours en matière de diffusion, nous avons mis en évidence, lors de la présentation de notre rapport spécial à la commission des finances, la nécessité de rester vigilant quant à la réponse apportée aux demandes des établissements culturels dans le cadre du Fonds d’urgence pour le spectacle vivant, mis en place à la suite des attentats. Ce fonds, dont l’existence était prévue jusqu’à la fin de 2018, risquait de manquer de crédits ; aussi, nous pouvons nous satisfaire des 4 millions d’euros supplémentaires qui ont été dégelés, dans le cadre du schéma de fin de gestion, pour lui être consacrés. C’est une bonne nouvelle, parce que, si la fréquentation s’est rétablie, depuis les attentats, dans un certain nombre de lieux, ce n’est pas le cas pour tous, notamment pour les musées, qui ne sont pas revenus au niveau d’avant 2015.

Troisième sujet, après l’accès et la diffusion : la création. Là aussi, les crédits sont maintenus – ils sont même légèrement renforcés – à un niveau qui permet d’accentuer l’accompagnement des structures labellisées. La poursuite de la labellisation est extrêmement importante pour le ministère de la culture.

Les crédits de la mission « Culture » sont donc préservés en 2018, le président Éblé vient de le rappeler. J’ajoute que la prévision triennale présentée dans la loi de programmation inscrit également cette mission dans une progression sur la période 2018-2020, avec une augmentation de 50 millions d’euros sur trois ans. C’est donc un effort qui n’est pas simplement fourni en 2018 mais qui sera prolongé.

Pour toutes ces raisons, pour la définition de l’accès des publics à la culture comme une priorité, pour l’amélioration de la transmission des savoirs, pour le renforcement de la diffusion et de la création culturelles – tout cela témoigne de l’engagement du Gouvernement pour la politique de la culture dans toutes ses dimensions –, nous vous invitons, mes chers collègues, à adopter les crédits de cette mission.

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