Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, dans un contexte marqué par la nécessité de restaurer la cohésion sociale, le rôle de l’art et de la culture demeure essentiel. Nous ne pouvons donc que nous réjouir de la progression des crédits de la mission « Culture » en 2018, qui prolonge la revalorisation intervenue en 2017.
Votre budget, madame la ministre, est marqué par des ambitions fortes, auxquelles nous adhérons sans réserve : l’accès à la culture du plus grand nombre et le développement de la vie culturelle de proximité.
L’effort significatif réalisé en direction de l’éducation artistique et culturelle était réclamé depuis longtemps. Toucher 100 % des enfants, de la maternelle au lycée, d’ici à 2020 est une belle ambition mais ne sera pas chose facile sans un engagement sans faille de l’éducation nationale et sans l’association et l’accompagnement des collectivités territoriales.
Vous vous en doutez, la question du maillage des territoires a une résonance particulière dans notre assemblée. Compte tenu de cet objectif, nous sommes un peu surpris et inquiets de la baisse des crédits, hors structures labellisées et hors réseau, qui pourrait mettre en danger l’aménagement culturel équilibré des territoires, notamment dans les zones rurales.
De manière générale, il est temps de faire des collectivités territoriales de véritables partenaires et même des coconstructeurs de la politique culturelle, compte tenu tant de leur rôle incontournable en matière de financement que de leur expertise, qui est importante.
Notre position est en revanche beaucoup plus réservée pour ce qui concerne le pass culture. Aussi séduisante qu’elle puisse paraître de prime abord, cette idée comporte un certain nombre d’écueils dans lesquels il sera difficile de ne pas tomber ; l’expérience italienne, brandie par le Président de la République pour justifier sa proposition pendant la campagne, en constitue justement une illustration.
Il faut absolument réussir à créer un dispositif qui permette d’allier, d’une part, la liberté de choix du jeune avec, d’autre part, la promotion de la diversité culturelle. Nous refusons de donner un blanc-seing à un pass qui ne permettrait pas aux jeunes de diversifier leurs habitudes culturelles, qui remettrait en cause la diversité et qui, en définitive, créerait un effet d’aubaine pour les GAFA. Quant à son financement pour les années à venir, il suscite encore bien des interrogations…
Ce budget s’accompagne de fortes inflexions : l’accent en faveur de l’éducation artistique et culturelle, dont j’ai parlé, l’attention portée aux questions de diffusion ; néanmoins, sans les artistes et la création, la culture n’est rien. De nombreux chantiers sont lancés ou sont en projet : l’éducation artistique et culturelle, le pass culture, la « maison commune de la musique », le devenir des écoles territoriales d’art, notamment le statut de leurs enseignants, la question de l’emploi et celle du FONPEPS, le Fonds national pour l’emploi pérenne dans le spectacle. Notre devoir de vigilance nous imposera d’en contrôler la mise en œuvre, pour s’assurer que l’on ne dévie pas des objectifs fixés et que les résultats attendus sont bien au rendez-vous.
Sous ces réserves, la commission de la culture émet un avis favorable sur les crédits de cette mission.