Intervention de Françoise Nyssen

Réunion du 4 décembre 2017 à 10h00
Loi de finances pour 2018 — Culture

Françoise Nyssen :

Monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, madame la présidente de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, madame, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, en vous présentant aujourd’hui le premier budget de la culture de ce quinquennat, je vous présente bien plus que le budget d’un ministère : c’est une part essentielle du projet présidentiel et de la feuille de route du Gouvernement. Dans tout projet politique, l’ambition donnée à la culture est en effet l’un des miroirs les plus clairs du type de société que l’on souhaite porter. « Presque tout ce qui caractérise l’humanité se résume par le mot culture », affirmait François Jacob, comme vous l’avez rappelé, madame Blondin.

Notre ambition est majeure. Le Président de la République n’a cessé de le rappeler tout au long de sa campagne, et il l’a réaffirmé devant le Parlement réuni en Congrès : la culture est au cœur de son projet. Ce projet doit permettre à la France de relever les défis du XXIe siècle pour rendre à notre pays son optimisme et pour que chacun puisse trouver sa place dans la société. En effet, tel n’est pas le cas aujourd’hui. Comme vous l’avez souligné, monsieur Gattolin, nombre de nos concitoyens se sentent exclus, ou à contre-courant, des orientations prises, depuis quelques décennies : mondialisation, numérique, innovation, évolutions économiques et sociales, choix sociétaux.

C’est d’abord pour tous ceux-là que je veux développer une politique culturelle : pour que tous ceux qui souffrent d’une forme d’exclusion, d’injustice ou de désœuvrement puissent participer à la vie culturelle de leur commune, de leur région, de notre pays. Pour que tous ceux qui se disent que cette société avance sans eux, ou contre eux, aient accès à ce levier essentiel d’émancipation : l’exploration culturelle, la découverte d’un lieu, l’apprentissage d’un art.

Notre politique culturelle doit être une politique d’émancipation pour chacun et de solidarité entre tous. En effet, la culture est ce qui, individuellement, nous tient le plus solidement debout et ce qui, collectivement, nous tient le plus solidement ensemble.

Néanmoins, pour que la culture joue ce double rôle, il faut combattre les logiques d’exclusion ou d’auto-exclusion qui la traversent elle-même. Tous nos citoyens ont accès à une forme de culture, mais, notre vrai défi, c’est l’exploration, la diversité. Des barrières et des déterminismes contraignent des millions de citoyens dans leurs choix culturels. Nous devons les faire tomber. C’est ici ma mission.

Je me battrai – j’insiste sur ce point – pour que chacun dans notre pays, qu’il vive en ville ou à la campagne, qu’il soit professeur ou ouvrier, qu’il soit né ici ou à l’étranger, puisse pratiquer un art, appréhender l’histoire et ressentir devant l’immensité de la création l’élan singulier que chacun dans cet hémicycle a sans doute un jour éprouvé. Pour cela, j’ai pris un parti clair : la politique culturelle que je promeus est une politique culturelle de proximité. Nous irons au-devant de ceux que ce ministère n’a pas réussi à toucher, en particulier dans les zones rurales et périurbaines, dans les villes moyennes, en outre-mer et dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Nous donnerons à chaque citoyen les moyens de son autonomie.

Le projet de budget pour 2018 en est la traduction directe. Les crédits de la mission « Culture » seront renforcés : ils s’établiront à plus de 2, 9 milliards d’euros, en hausse de 42 millions d'euros par rapport à 2017. Les moyens seront rééquilibrés en faveur des territoires. Les crédits déconcentrés seront en effet portés à 860 millions d’euros, soit une hausse de 6 %. J’ai par ailleurs demandé à mes services d’examiner les missions et les crédits aujourd’hui gérés à Paris qui devraient ou pourraient être déconcentrés.

Madame Robert, je tiens à réaffirmer qu’on ne trouve dans ce budget aucune baisse de crédits pour les structures hors label et réseau. Il n’y a qu’un transfert de 15 millions d'euros sur l’éducation artistique et culturelle et le programme 224. Pas un euro n’est supprimé.

Pour conduire cette politique de proximité, nous nous appuierons bien sûr sur nos opérateurs, dont le rôle national doit être pleinement mis en valeur. Nous soutiendrons également les associations. Madame Robert, nous coopérerons encore plus étroitement avec les collectivités territoriales : j’ai proposé aux associations d’élus de bâtir pour cela un nouveau cadre de contractualisation plus souple et plus solidaire. Nous innoverons en poussant ce ministère à agir aussi, beaucoup plus, en dehors de ses propres canaux institutionnels.

Enfin, nous nous appuierons sur quatre relais privilégiés.

Le premier d’entre eux est l’école.

Pour que la culture soit un levier d’émancipation pour chaque citoyen, elle doit occuper une place structurante dans le développement de chaque enfant. Nous allons la mettre au cœur du nouveau modèle d’école bâti par ce gouvernement. C’est une ambition que je partage avec Jean-Michel Blanquer, et nous en avons encore discuté ce matin à l’occasion de son anniversaire.

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