Intervention de Michel Laugier

Réunion du 4 décembre 2017 à 10h00
Loi de finances pour 2018 — Compte de concours financiers : avances à l'audiovisuel public

Photo de Michel LaugierMichel Laugier, rapporteur pour avis de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, pour la presse :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, vieillissement du lectorat, fuite des recettes publicitaires, impasse industrielle de la vente au numéro, la presse s’enfonce dans une crise que la vitalité de la presse digitale peine à enrayer. La faute à une rentabilité incertaine, à un partage de la valeur déséquilibré et à la concurrence des nouveaux modes d’information.

Sans réaliser de miracle, les aides à la presse représentent un soutien indispensable. Le programme 180 « Presse et médias » de la mission « Médias, livre et industries culturelles » en constitue la traduction budgétaire. En 2018, les aides à la modernisation, à la diffusion et au pluralisme s’élèveront à 119, 4 millions d’euros, en légère diminution en raison de la réforme de l’aide au portage. Ces crédits sont complétés par une enveloppe de 131, 5 millions d’euros destinée à l’Agence France Presse.

Dans un contexte de crise, seul le digital montre une croissance dynamique, mais il ne représente encore en moyenne que 5 % du chiffre d’affaires des éditeurs. L’accélération de la mutation numérique doit donc constituer un objectif prioritaire. Les éditeurs du digital bénéficient d’un soutien des pouvoirs publics qui ne cesse de s’étoffer. Outre le taux super réduit de TVA, les sites d’information politique et générale sont éligibles au Fonds stratégique pour le développement de la presse, qui, avec 27, 3 millions d’euros en 2018, représente le principal soutien à des projets de développement numérique, ainsi qu’au Fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation de la presse, doté de 5 millions d’euros en 2018.

Pour autant, les aides indirectes bénéficient encore à 54 % à l’imprimé, et la différence est encore plus nette pour les aides directes : sur 100, 2 millions d’euros versés en 2016, 89, 5 millions d’euros l’ont été à la presse papier.

En réalité, à l’exception des deux fonds précités, l’ensemble des dispositifs de soutien à la modernisation, à la diffusion et au pluralisme sont réservés aux publications imprimées. Vous conviendrez avec moi, madame la ministre, qu’une meilleure répartition entre les publications pourrait être envisagée.

L’enjeu est à la fois économique et démocratique : la presse doit avoir les moyens de s’imposer dans l’univers numérique comme la garante d’une information de qualité face à des sites diffusant des contenus pour le moins sujets à caution.

J’en viens enfin à la situation de l’Agence France Presse, qui continue d’inspirer les plus grandes inquiétudes. Malgré le lancement d’un plan de relance commerciale ambitieux, son chiffre d’affaires peine à décoller, tandis qu’une politique d’investissement, indispensable mais dispendieuse, a conduit l’Agence à un niveau de dettes de 52, 6 millions d’euros à la fin de l’année 2016, auxquels s’ajoute un découvert bancaire de 26, 4 millions d’euros. Malgré les efforts réalisés, notamment la signature d’un accord d’entreprise unique, la maîtrise des charges ne peut suffire à dégager les moyens de se désendetter ni d’investir. Or, du fait de son statut, sans capitaux ni actionnaire, l’Agence ne peut se financer sur les marchés, tandis que le droit européen limite l’intervention de l’État.

Malgré ces réserves, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication a émis un avis favorable à l’adoption des crédits de ce programme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion