Intervention de Sylvie Robert

Réunion du 4 décembre 2017 à 10h00
Loi de finances pour 2018 — Compte de concours financiers : avances à l'audiovisuel public

Photo de Sylvie RobertSylvie Robert :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l’information est la bataille du XXIe siècle. Avec l’avènement et la profusion du numérique, elle est, encore plus qu’auparavant, un enjeu central de puissance et d’influence. Instrument décisif, elle peut même influer le cours des événements de manière inattendue et irréversible, comme de nombreux faits récents l’attestent.

C’est pourquoi le rôle des médias classiques, singulièrement de la presse écrite, est encore plus essentiel aujourd’hui et est une responsabilité collective, qui appelle de notre part vigilance et exigence.

Lutter contre les tendances à la « post-vérité », rétablir les faits à travers des articles pédagogiques, mais aussi apporter au lecteur une mise en perspective de ces faits sont des missions fondamentales.

Pour ce faire, la presse a besoin de moyens.

En premier lieu, la situation financière de l’AFP, malgré les réformes d’ampleur déjà engagées, demeure préoccupante. Elle affronte une concurrence mondiale exacerbée, mais le marché de la vidéo, en pleine expansion, peut représenter une piste de réflexion intéressante. Il faut qu’elle reste ce « champion français », pour reprendre l’expression, madame la ministre, que vous avez récemment utilisée.

Ensuite, les aides à la presse, d’un montant de 120 millions d’euros, stagnent ou régressent pour quelques-unes d’entre elles.

Dans l’environnement actuel, les aides au pluralisme et à la modernisation constituent pourtant une priorité ; il est d’ailleurs dommage que le fonds stratégique pour le développement de la presse subisse une légère baisse.

En effet, la presse a besoin d’un appui affirmé et, surtout, d’une véritable réforme structurelle visant à assurer son modèle économique, à protéger ses éditeurs, à garantir le pluralisme et à conforter l’indépendance des journalistes et des rédactions. Il serait donc intéressant que le Gouvernement formule une véritable stratégie de soutien à la presse, afin de définir clairement les axes sur lesquels il compte insister à l’avenir.

À l’échelle européenne, la création d’un droit voisin pour les éditeurs de presse dans le cadre de la directive visant à réformer le droit d’auteur est à soutenir, eu égard aux nouveaux usages numériques. Je tiens à saluer la position ferme de l’exécutif sur ce sujet, en espérant vraiment qu’elle convainque l’ensemble de nos partenaires.

En ce qui concerne le volet « Livre et industries culturelles », il est marqué par une transformation profonde de périmètre, surtout pour le livre et la lecture publique, du fait de transferts de crédits au programme 224. Des dispositifs importants sont concernés, par exemple les contrats territoire-lecture. Je crois qu’il faudra être très vigilant dans l’utilisation de ces crédits, singulièrement en ce qui concerne leur ventilation territoriale.

À cet égard, le contexte actuel semble favorable pour renforcer la politique de lecture publique, et spécialement le rôle des bibliothèques, pour lesquelles vous connaissez mon attachement. Je me réjouis donc de l’annonce du Gouvernement, qui vise à augmenter de 8 millions d’euros la dotation générale de décentralisation dédiée aux bibliothèques. Après dix ans de stagnation ou de gel, cette décision était attendue ; c’est une bonne nouvelle pour les collectivités et les professionnels. J’espère vivement qu’elle permettra de concrétiser plus facilement les projets d’investissement, ainsi que ceux ayant pour finalité l’élargissement des horaires d’ouverture.

Cette décision est également conforme à la priorité fixée en la matière par le Président de la République et est en cohérence avec la mission conduite, en ce moment, par Érik Orsenna. La prochaine étape sera peut-être un projet de loi sur les bibliothèques permettant de lever les difficultés législatives auxquelles elles font face.

Notre vigilance doit être de mise sur l’ensemble de la chaîne du livre : des auteurs, que l’on doit protéger, aux librairies indépendantes, que l’on doit continuer à aider et que l’on ne doit pas déstabiliser, notamment celles qui ont le label « Librairie indépendante de référence », ou LiR. Cela requiert une grande attention.

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