Intervention de Juliette Duszynski

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 6 décembre 2017 à 9h00
Table ronde sur le canal seine-nord europe

Juliette Duszynski, déléguée générale de Norlink Ports :

Norlink Ports, c'est une toute jeune association qui représente les intérêts d'un port d'État, celui de Dunkerque, d'un port de région, celui de Boulogne-Calais, et de l'ensemble des ports intérieurs, une vingtaine dans les Hauts-de-France. Les ports ont créé cette association pour promouvoir et défendre leurs intérêts autour d'une ambition commune : faire des Hauts-de-France le hub logistique de l'Europe du Nord-Ouest.

Cela passe par la valorisation de synergies entre nos ports, pour faire système, car créer du lien, c'est créer de la valeur. Bien sûr, notre association soutient le projet de canal Seine-Nord Europe, qui s'accorde à nos grands axes de travail : favoriser le report modal, ouvrir les schémas logistiques à d'autres modes de transport, mettre en exergue le potentiel d'échanges de cette région.

Le canal, c'est le maillon manquant dans l'Europe des transports, qu'il nous semble indispensable de structurer en liant le bassin de la Seine au bassin de l'Escaut, dans le but de constituer le premier réseau fluvial européen. Je vous rappelle que le territoire français est vraiment très en retard en matière de report modal sur le transport de marchandises : 80 % se fait par la route, contre 64 % en Allemagne et en Belgique.

Notre pays est face à un choix : rester insulaire dans l'Europe des échanges ou se connecter à l'économie-monde.

C'est important, comme le disait M. Buisset, pour la compétitivité de la filière agriculture, de la filière BTP et pour la création d'une véritable économie circulaire. C'est important aussi, j'y insiste, pour nos ports. Aujourd'hui, la compétitivité des ports se fait sur leur hinterland, et nos ports français accusent un retard depuis près de trente ans, en matière de report modal et en matière d'investissement et de structuration de l'hinterland.

En général, nos ports ne fonctionnent que pour un marché assez local, dont l'hinterland dépasse rarement les frontières. Le rapport de la Cour des comptes du 7 février a pointé ce problème et a mis en avant un objectif de desserte portuaire concurrentielle.

Pour nous, le canal Seine Nord fait partie de cet objectif, car il permettra d'ouvrir nos ports à de nouveaux marchés. J'en parle d'autant plus facilement qu'au cours de mon parcours professionnel j'ai passé quinze ans au Havre, ce qui m'a convaincue que le projet de canal Seine-Nord peut aussi aider les ports normands.

C'est un projet d'aménagement du territoire, c'est un projet économique et, du coup, c'est bien plus qu'un simple projet d'infrastructure ou d'ouvrage. Il s'agit de créer le nouvel espace économique et logistique du Grand Nord de la France. Ce projet peut être un modèle en matière de transition économique, de coopération. Nous y voyons un symbole fort d'une convergence d'intérêts à la fois locaux, nationaux et européens.

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