Intervention de Juliette Duszynski

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 6 décembre 2017 à 9h00
Table ronde sur le canal seine-nord europe

Juliette Duszynski, déléguée générale de Norlink Ports :

Je n'ai pas vraiment dit qu'il n'y aurait pas d'impact sur les ports normands, mais je suis persuadée que ce projet complète celui de la vallée de la Seine pour lequel j'ai beaucoup travaillé aux côtés d'Antoine Rufenacht et Édouard Philippe.

Le canal va rebattre les cartes entre les ports, mais il sera ce qu'on en fait. Il est souvent vu comme pouvant aider encore plus les ports du Nord, belges et néerlandais. Il va surtout aider les plus petits. Anvers n'a pas attendu le canal pour se développer : en 1990, le trafic conteneurs d'Anvers était équivalent à l'ensemble du trafic des ports français ; aujourd'hui, il est 2,5 fois supérieur à celui des sept grands ports maritimes français.

Le canal Seine-Nord et le projet de la vallée de la Seine sont dans le même bateau : les financements européens alloués au canal Seine-Nord font partie de la même enveloppe que ceux qui sont alloués à la vallée de la Seine pour les développements fluviaux. Tous les financements de la fiche 2.2 du contrat de plan interrégional État-régions de la vallée de la Seine dépendent de ce financement européen et de la concrétisation des financements européens pour le canal Seine-Nord.

Concernant l'hinterland du port de Rouen, routier à 70 %, le canal ira dans les deux sens. Il peut aider le port de Rouen à rester un grand port céréalier européen. Les ports français se sont reposés sur leurs acquis et ont eu une culture de rente, notamment liée au trafic d'hydrocarbures et à un trafic céréalier, corrélé aux bonnes récoltes de notre pays, mais aussi aux guerres civiles et aux mauvaises récoltes dans d'autres pays. Le port de La Rochelle a su rebondir, structurer son hinterland et être un port céréalier en forte croissance ces dernières années. Rouen a beaucoup à gagner à utiliser le canal Seine-Nord pour toucher d'autres marchés, aller chercher des céréales plus loin, diminuer le coût par silo pour mieux exporter et rester compétitif.

Enfin, la réforme portuaire de 2008 a fait de nos grands ports maritimes des ports aménageurs. Rouen est dans une bonne situation financière. Il devrait s'intéresser au canal Seine-Nord et investir dans des plateformes intérieures plus loin que son hinterland proche, comme le fait le port de Marseille dans la vallée du Rhône.

L'ensemble des ports français doit changer de modèle économique, pour aller vers une culture de valorisation foncière et de financiarisation du foncier. Les ports du Nord comme Anvers et Rotterdam ont un modèle économique très équilibré, entre foncier et trafic.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion