Le président de notre commission est retenu à New York pour une mission auprès de l'Assemblée générale des Nations unies.
Nous accueillons M. Fabrice Balanche, maître de conférences à l'université de Lyon 2 et chercheur invité à l'université de Stanford. Merci de vous être échappé un instant du colloque auquel vous participez aujourd'hui au Cercle militaire. Nous avons souhaité entendre votre analyse sur l'après Daesch, désormais amorcé en Syrie et en Irak depuis que Raqqa et Mossoul ont été reprises.
Le bilan en Syrie est dramatique. Selon l'envoyé spécial des Nations unies, Staffan de Mistura, que j'ai rencontré à Genève lors d'une mission de l'Union interparlementaire, il faudra au moins 250 milliards de dollars pour reconstruire le pays. Les Syriens estiment avoir gagné la guerre - de fait, ce sont les Russes - et ne rien devoir négocier, notamment la modification de leur Constitution ou la tenue de nouvelles élections... Dans le cadre de l'Union interparlementaire, nous essayons de convaincre les parlementaires syriens du contraire pour rétablir la sécurité dans le pays. Personne n'investira ces 250 milliards de dollars tant que le pays n'est pas stabilisé, et la Syrie restera dans un état très difficile.
Au processus de Genève s'ajoute désormais celui d'Astana, et une réunion s'est tenue à Ryad la semaine dernière, mais cela avance peu : le processus semble bloqué.
La Russie poursuit ses initiatives, tout en affirmant qu'elle veut soutenir le processus de Genève. Quel effet réel le processus d'Astana-Sotchi a-t-il, selon vous, pour le règlement politique de la crise ? Assure-t-il le maintien de Bachar al-Assad aux affaires, et donc l'emprise de l'Iran sur la Syrie ? Faut-il mettre la situation de Bachar al-Assad entre parenthèses, pour trouver une solution pragmatique, permettant de modifier la Constitution et d'organiser des élections ? Les États-Unis semblent laisser les mains libres à la Russie sur ce dossier, et donc le président Trump laisse paradoxalement la voie libre à l'Iran...
Quel peut être l'avenir politique de l'Irak ? La situation du Kurdistan reste en suspens. Le pouvoir de Bagdad a-t-il aujourd'hui une assise politique suffisante pour assurer la stabilité du pays ? L'influence de l'Iran est-elle toute puissante sur l'Irak chiite ?