Je souscris pleinement aux propos de mon collègue.
J'ajoute que le glyphosate, qui est utilisé depuis quarante ans, représente un marché de 8 milliards d'euros. Je rappelle que la perte du brevet pour l'entreprise Monsanto date de 1991 et qu'elle n'a donc plus le monopole depuis longtemps.
D'une part, il y a eu une surmédiatisation de ce sujet. D'autre part, on constate la difficulté de trouver un consensus entre les scientifiques et les politiques. C'est ce qui a créé la crise de confiance évoquée par mon collègue Médevielle.
Notre déplacement à Bruxelles était extrêmement intéressant. Nous avons notamment rencontré le Commissaire européen à la santé qui nous a en particulier alertés sur le fait que si la France interdit ce produit avant les autres - dans trois ans en France, contre cinq ans dans les autres pays de l'Union européenne -, cela n'empêchera en rien la venue sur le territoire national de produits exposés au glyphosate en provenance de l'Union européenne. Il y a donc un risque de créer des distorsions de concurrence pour les agriculteurs français.
Nous avons aussi évoqué la difficulté d'avoir une expertise scientifique incontestable. Seul le CIRC évoque le caractère cancérigène probable du glyphosate, et il classe aussi la viande rouge et la charcuterie dans cette catégorie. Il me paraît de bon sens de considérer que tout dépend du niveau de consommation et de la façon dont on utilise le produit.
Il faut sortir des postures politiques ou médiatiques et tenir un discours de raison. Certes, l'agriculture doit encore s'adapter, mais reconnaissons qu'elle l'a déjà beaucoup fait. Il faut faire de la pédagogie et améliorer la formation pour une meilleure maîtrise et un usage de ce produit plus respectueux de l'environnement.