Les interventions de mes collègues et la réponse de M. Médevielle montrent bien que le problème est extrêmement complexe. Au-delà de l'aspect scientifique et politique, la question de l'utilisation du glyphosate est également sociétale : nous interrogeons tout un modèle économique. En effet, le glyphosate est intimement lié à l'alimentation et à la santé, et c'est la raison pour laquelle le public sera très attentif aux choix qui seront faits. J'entends qu'il faut manier le principe de précaution avec précaution : certes ! Mais actuellement, les consommateurs interrogent les origines des productions alimentaires.
Le débat sur le glyphosate est extrêmement important. Or, l'interdiction de l'utilisation des néonicotinoïdes, votée lors de l'examen de la loi Biodiversité, a montré que de nombreux groupes de pression industriels avaient tenté d'étouffer le débat. Je pense donc qu'il faut absolument mener un travail de fond multidisciplinaire qui donne la parole à toutes les parties prenantes : les scientifiques, bien sûr, mais également les consommateurs !
En tant qu'élus, nous aurons des choix à faire. Peut-être certains s'imposeront-ils, comme l'a fait le secteur de l'agriculture biologique au cours de ces dernières années. Il faut que les agriculteurs vivent de leur activité, et que la confiance des consommateurs soit restaurée. Cela est essentiel. Annoncer que l'on va surseoir l'interdiction de l'utilisation du glyphosate sans envisager les alternatives futures est stérile : nous devons travailler pour faire évoluer les modèles économiques.