Intervention de Pierre Médevielle

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 13 décembre 2017 à 9h30
Déplacement à bruxelles sur le thème du glyphosate — Communication

Photo de Pierre MédeviellePierre Médevielle :

Monsieur Bigot, je partage votre constat : plusieurs approches du dossier « Glyphosate » sont possibles. Lors de notre déplacement à Bruxelles, nous nous sommes concentrés sur l'aspect santé - c'est d'ailleurs cet aspect, à mon avis, qui explique la position de l'Italie, qui a reconnu la dangerosité de la substance... Dans certains pays d'Asie qui utilisent massivement le glyphosate, et où l'eau n'est pas filtrée, les populations courent de graves dangers. Cependant, avec un usage modéré sur des sols normaux, les limites maximales de résidus sont tout à fait acceptables.

Le modèle agricole est un sujet profondément sociétal. Soyons réalistes : les prévisions démographiques ne nous permettront pas de revenir à l'agriculture de nos grands-parents ! On peut chercher des solutions plus propres, mais le retour en arrière me paraît tout à fait fantaisiste.

Madame Cartron, il est vrai qu'en tant que parlementaires, nous portons une lourde responsabilité dans certains votes. Les décisions prises à Bruxelles le sont sur la base d'arguments scientifiques solides : même si la science ne fait pas tout, elle reste un point essentiel. Notre pays est trop souvent manichéen : d'un côté le grand méchant semencier américain et le méchant agriculteur pollueur, de l'autre le gentil consommateur empoisonné... et systématiquement s'ensuit une présomption de culpabilité ! C'est trop simpliste. L'Agence européenne, dans son examen du glyphosate, s'est appuyée sur des arguments et des études qui, paradoxalement, viennent d'outre-Atlantique. Sous l'autorité de Laura Beane, le National Cancer Institute a mené pendant vingt ans une étude sur pas moins de 54 000 agriculteurs. Aucune propriété cancérogène du glyphosate n'a pu être démontrée à cette occasion. Cette étude a été validée par les épidémiologistes de l'Inserm, mais également par l'Anses et les agences européennes. Aujourd'hui, je pense que l'on peut dire que l'on a fait fausse route !

L'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, même si un manque de moyens évident ne lui permet pas d'être aussi réactif qu'on le souhaiterait sur ce type de dossiers, doit jouer ce rôle d'interface entre le monde scientifique et le monde politique. Cette structure publiera prochainement un rapport sur le glyphosate. Quelles alternatives chimiques à cette substance ? Hélas, aujourd'hui, il n'y en a pas !

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