La prospective, c'est d'abord une philosophie qui découle de la révolution culturelle - je pèse mes mots - opérée au XVIIIe siècle, lorsqu'on est passé d'une pensée traditionaliste, selon laquelle la marche du monde est dictée par un ordre supérieur, à une posture individualiste - ce qui ne veut pas dire égoïste -, revendiquant la position d'acteur du système, par analogie au célèbre ouvrage de Michel Crozier. Aucun acteur n'est tout puissant, mais chacun élabore des stratégies conflictuelles ou consensuelles, exprime des futurs souhaitables différents.
À cet égard, prospective et politique vont de pair. Il s'agit de définir des projets communs mobilisateurs, au-delà des querelles d'intérêt de court terme. La prospective n'a jamais eu pour vocation de prédire le futur ! Oui, certains territoires sont oubliés, mais les métropoles se vident. Le rapport entre rural et urbain est transformé par les mobilités et la désynchronisation des temps et des lieux de vie. Quant aux ruptures entre générations, je me méfie beaucoup de cette typologie Génération X ou Y, par années de naissance, qui me semble relever davantage du marketing que d'autre chose.