Ma question s’adresse à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
L’Europe vit des jours sombres ; l’extrême droite est de nouveau au pouvoir dans l’un de ses États membres, l’Autriche.
Vendredi dernier, M. Kurz, nouveau chancelier conservateur, a présenté le pacte le liant au FPÖ, le Parti libéral autrichien. Il a ainsi confié à des responsables de premier plan de ce parti aux racines néonazies six ministères sur treize, dont ceux des affaires étrangères, de l’intérieur et de la défense.
Voilà dix-sept ans, une telle alliance entre la droite et l’extrême droite avait suscité une vague d’indignation. L’Europe avait alors pris des sanctions diplomatiques, on parlait de cordon sanitaire.
Les conditions d’une telle riposte n’existent plus, la nécessaire unanimité des États membres la rendant impossible. Ce n’est d’ailleurs vraisemblablement pas la bonne réponse à l’expression démocratique d’un peuple.
Pour autant, nous ne comprenons pas le silence assourdissant de l’Union européenne et de la France. Si la Pologne, la Hongrie, la République tchèque peuvent se réjouir de voir le groupe de Višegrad s’élargir à un nouvel allié nationaliste et populiste, la France et l’Allemagne doivent apporter une réponse politique forte pour défendre leur conception de l’Europe.
Nous ne pouvons pas accepter que le processus de fracturation de l’Union européenne se poursuive. Nous ne pouvons tolérer que les valeurs fondamentales qui ont présidé à sa création, l’attachement à l’égalité, la liberté et la justice, qui fondent la démocratie, soient remis en cause.
Nous ne pouvons concevoir que, en juillet prochain, lorsque l’Autriche assurera la présidence de l’Union pour six mois, un responsable d’extrême droite ouvertement xénophobe pilote le Conseil déterminant la politique migratoire et d’asile.
Nous ne pouvons imaginer que la mise en œuvre du socle social adopté à Göteborg soit conduite par un gouvernement qui veut réserver les emplois aux seuls nationaux.
Les principes fondateurs de l’Union doivent être rappelés sans concession : tous les États membres doivent garantir l’État de droit, la démocratie, les droits de l’homme, le respect des minorités et leur protection.
Or tous les éléments d’un virage autoritaire et xénophobe de l’Autriche sont réunis. La formation de ce nouveau gouvernement autrichien est un très mauvais signal au regard de l’ambition européenne du Président de la République.
Quelles initiatives le Gouvernement compte-t-il prendre pour défendre l’idéal européen et lutter contre la banalisation de l’extrême droite ?