La Turquie n'a pas renoncé à sa candidature. Au contraire, elle nous reproche sans cesse de ne pas ouvrir de nouveaux chapitres. Reçue, comme les six pays des Balkans qui sont aussi candidats, en marge du Conseil des affaires générales, elle nous a vertement reproché la fermeture dont l'Union européenne ferait preuve, et n'apprécie guère que nous la qualifiions de partenaire et non de candidat. La négociation est au point mort, puisque les Turcs ne font rien pour la rendre possible. Nous ne souhaitons pas pour autant, comme le souhaiteraient certaines forces politiques en Allemagne ou en Autriche, y mettre un terme, car il existe en Turquie des pro-Européens qui doivent pouvoir prendre appui sur cette perspective.
Sur Chypre, une négociation se tient depuis longtemps sous l'égide des Nations unies. Des pourparlers ont eu lieu cet été, avec le Représentant spécial des Nations unies, mais ils n'ont pas abouti. Nous suivons ce dossier de près, et des représentants de Chypre viennent régulièrement faire le point avec nous. Ce dossier a toute sa place, évidemment, dans notre dialogue avec la Turquie.
Je partage votre avis sur les sanctions envers la Russie. Les accords de Minsk ont arrêté le conflit à un niveau de basse intensité, mais c'est insuffisant. Le cessez-le-feu d'août a été assez correctement respecté jusqu'à novembre, où des échanges de tirs ont repris. Le « format Normandie » est toujours actif, et de nombreuses rencontres sont organisées. Le plan est connu, mais aucun des protagonistes ne tient ses engagements - pas même l'Ukraine, ce qui est désolant. La situation n'est donc pas satisfaisante, et notre capacité à peser sur chaque acteur, si elle n'est pas négligeable, semble insuffisante. À cet égard, lever les sanctions sans avoir constaté de progrès serait encourager la Russie à ne pas faire de concessions. Celle-ci a proposé que les Nations unies envoient une mission de maintien de la paix. Pour nous, c'est une manière de détourner la conversation.