Intervention de Serge Babary

Réunion du 17 janvier 2018 à 14h30
« une crise en quête de fin – quand l'histoire bégaie » — Débat interactif

Photo de Serge BabarySerge Babary :

Je souhaite saluer le travail considérable réalisé par notre collègue Pierre-Yves Collombat.

J’adhère pleinement à l’alerte qu’il lance quant au risque d’explosion d’un système financier virtuel. La conclusion de son rapport le constate très justement : « Après dix ans de crise, la probabilité de réédition d’un krach du système financier d’ampleur équivalente n’a pas diminué. »

La plus grande crise financière de ce début de XXIe siècle a en réalité commencé le 9 août 2007 en France. Ce jour-là, BNP Paribas gelait les retraits de ses clients dans trois de ses fonds d’investissement. Elle admettait ne plus pouvoir valoriser les actifs détenus dans ces fonds, car ils n’étaient plus échangeables sur les marchés. Cela démontre que cette crise était prévisible.

On sait d’ailleurs qu’aux États-Unis certains experts avaient, dès 2005, anticipé la crise des subprimes et spéculé sur l’effondrement des marchés financiers. On sait aussi que cette crise n’a atteint l’ampleur mondiale qu’on lui connaît qu’en raison de l’irresponsabilité de certaines banques et agences de notation, mais aussi à cause d’une prise de conscience internationale tardive.

Il y a néanmoins toujours des signaux indicateurs de crise. Depuis cinq ans, le monde n’a connu aucune crise financière majeure, et la France va beaucoup mieux. Toutefois, les perspectives économiques de l’OFCE, dévoilées en octobre dernier, confirment ce que la presse décrit depuis plus de six mois, à savoir les potentielles causes d’une nouvelle crise : boom immobilier en Chine et en Suède, bitcoin, crise de la dette publique.

La politique menée par les banques centrales a conduit les taux d’intérêt au plus bas, ce qui permet à la France de s’endetter à bas coût sans en sentir immédiatement les conséquences budgétaires.

La France empruntera en 2018 un montant record sur les marchés : 195 milliards d’euros ! Inévitablement, les taux d’intérêt vont finir par remonter.

Le 29 décembre dernier, Standard & Poor’s envisageait un scénario catastrophe au cas où la France n’entreprendrait pas des réformes radicales. La dette atteindrait, en 2050, 166, 4 % du PIB, contre 97, 6 % aujourd’hui.

En juillet dernier, le gouverneur de la Banque de France avait déjà donné l’alerte et insisté sur la nécessité d’une réforme des services publics. Pouvez-vous, madame la secrétaire d’État, nous préciser aujourd’hui si des mesures d’anticipation et de protection face à une remontée des taux d’intérêt sont prises par le Gouvernement ?

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