Nous allons maintenant vous rendre compte de la mission à la 72e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Nous avons également eu la chance de pouvoir assister au débat du Conseil de sécurité sur Jérusalem, ce qui nous a permis de mesurer presque physiquement les rapports de force. C'était tout à fait passionnant.
À l'ONU, on prend la mesure des enjeux globaux, que ce soit sur la question du climat, des migrations ou de la prolifération des armes nucléaires. Or nous avons eu l'impression que la France était désormais seule à croire en cette belle notion qu'est le multilatéralisme.
De tous les dossiers que nous avons abordés en ces trois journées très denses d'entretien, deux nous ont fait vraiment désespérer : la Syrie et la situation humanitaire dans un certain nombre de pays.
Sur la Syrie, le Conseil de sécurité est bloqué et les négociations à Genève sont contournées. Comme vous le savez, la Russie a opposé son veto en novembre à la reconduction du mécanisme d'enquête sur les armes chimiques, dit mécanisme « JIM », pour Joint Investigative Mechanism. Ce veto était le troisième de ce pays sur le JIM, le cinquième sur le dossier chimique syrien, pour la seule année 2017, et le onzième veto russe au total sur la Syrie. Le rapport du JIM, publié le 26 octobre, avait confirmé la responsabilité des forces syriennes dans l'attaque au gaz sarin intervenue le 4 avril à Khan Cheïkhoun en Syrie, et celle de Daech dans l'attaque au gaz moutarde du 16 septembre 2016 à Oum Housh. D'après les experts de l'ONU, alors que plus de la moitié de la population syrienne a dû quitter son foyer, ceux qui restent, soit 13,5 millions de Syriens, dont 6 millions d'enfants, ont absolument besoin d'aide humanitaire. Parmi eux, 420 000 personnes sont littéralement assiégées, à 95 % par le régime, alors même que la négociation de la résolution sur l'accès humanitaire transfrontalier, qui se déroulait pendant notre mission, a été particulièrement difficile avec les Russes.
Le tour d'horizon des crises humanitaires que nous avons fait avec Mark Lowcock, le secrétaire général à l'aide humanitaire, fait état d'un tableau très noir, en particulier au Yémen. Ce drame épouvantable, dont on parle malheureusement assez peu, est potentiellement la plus grande famine au monde. Dans ce pays victime de la rivalité entre l'Arabie saoudite et l'Iran, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 80 %, celui du carburant a été multiplié par deux et celui de l'eau en bouteille par six. Du fait de la pénurie de carburant, l'approvisionnement en eau et le traitement des déchets ne se font plus que grâce à l'aide humanitaire. Onze millions de personnes seront confrontées à des pénuries massives lorsqu'il n'y aura plus du tout d'essence.
L'ONU n'est toutefois pas qu'impuissance. Je cède maintenant la parole à Mme Conway-Mouret qui va nous parler de l'un des succès de notre diplomatie : la résolution sur le G5 Sahel.