Intervention de Hélène Conway-Mouret

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 17 janvier 2018 à 9h30
Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord relatif à l'emploi rémunéré des personnes à charge des agents des missions officielles de chaque état dans l'autre entre france-chili france-bolivie france-congo france-equateur — Examen du rapport et des textes de la commission

Photo de Hélène Conway-MouretHélène Conway-Mouret, rapporteur :

Nous avons eu la chance d'être à New York le jour de l'adoption de la résolution par laquelle l'ONU, via la MINUSMA, l'opération de maintien de la paix au Mali, a été autorisée à apporter son soutien à la Force conjointe du G5 Sahel. C'est le résultat de plusieurs mois d'efforts de notre diplomatie, qui a dû lutter contre vents et marées, en particulier contre le scepticisme, pour ne pas dire l'hostilité, des Américains.

La MINUSMA a pris le relais de l'opération française Serval, régionalisée en Barkhane. Le G5 Sahel a aujourd'hui vocation à permettre aux cinq pays du Sahel d'assurer eux-mêmes leur propre sécurité, de façon coordonnée. Mais il manque de moyens, d'où l'appel à la MINUSMA.

Au-delà du Mali, qui connaît une situation sécuritaire dégradée, la crise concerne toute la région, où terroristes et criminels - trafiquants de drogues et d'êtres humains, notamment - se jouent des frontières. Des attentats ont récemment été perpétrés au Niger et au Burkina Faso. Le 4 octobre, au Niger, près de la frontière avec le Mali, une patrouille de l'armée nigérienne, accompagnée de cinq membres des forces spéciales américaines, est tombée dans une embuscade du groupe terroriste État islamique dans le Grand Sahara, EIGS, affilié à Daech. L'armée nigérienne a perdu un homme, les États-Unis quatre. Barkhane et les forces spéciales de Sabre sont intervenues en soutien.

Face à cette menace, le G5 Sahel, qui réunit le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, a annoncé, le 6 février 2017, la création d'une Force conjointe, qui prévoit d'abord une force frontalière de 5 000 hommes puis, à plus long terme, une force d'un bataillon par État. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 21 juin dernier une résolution qui encourage son déploiement. Cette force conjointe est opérationnelle depuis mi-octobre dans le fuseau Centre - Mali, Burkina Faso et Niger -, où une première opération dite « Haw Bi » a été menée. Les soutiens internationaux se mettent en place. L'Union européenne a apporté une aide de 50 millions d'euros via Expertise France. Les États-Unis ont annoncé une contribution bilatérale de 60 millions, mais elle sera versée directement sous forme de coopération bilatérale, et non pas via l'ONU, et concerne seulement l'année 2018.

L'enjeu de la résolution votée le 8 décembre dernier était d'articuler la Force conjointe avec la MINUSMA pour qu'elle lui apporte son soutien, essentiel pour étendre le rayon d'action de la Force conjointe et assurer son efficacité sur le terrain. Cela n'a pas été facile, en raison notamment de l'hostilité des États-Unis, qui souhaitent, par principe, réduire leur contribution à l'ONU, ainsi que le coût des opérations de maintien de la paix. La France a d'abord organisé, lorsqu'elle présidait le Conseil de sécurité en octobre, une visite du Conseil de sécurité au Sahel, puis une réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel, en présence de Jean-Yves le Drian.

Une résolution présentée par la France demandant l'articulation entre la Force conjointe et la MINUSMA a été adoptée à l'unanimité le 8 décembre. Force est de reconnaître qu'elle ne va pas aussi loin que nous l'aurions souhaité et que l'auraient souhaité les pays concernés, dont nous avons rencontré les représentants permanents à New York. Ils ont regretté que le soutien de l'ONU ne soit pas plus fort en termes de mandat - un mandat sous chapitre VII avec recours possible à la force aurait été mieux adapté d'après eux -, mais aussi d'équipements, d'infrastructures et surtout de financements.

D'ailleurs, fin décembre, le Président de la République a convoqué une réunion de soutien au G5 Sahel à La Celle-Saint-Cloud. D'autres pays, tels l'Arabie saoudite, le Danemark ou le Luxembourg, ont annoncé des contributions financières.

L'Union européenne coordonnera les soutiens européens lors d'un sommet de mobilisation des donateurs, début 2018, couplée avec le lancement de l'Alliance pour le Sahel, initiative en matière d'aide au développement.

Notre commission l'a dit plusieurs fois, il n'y aura pas de stabilité au Sahel sans une mise en oeuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali et sans une véritable logique de développement. Or le climat pré-électoral au Mali, en ce moment, n'est guère favorable. Je pense qu'il serait très utile que notre commission s'y rende en 2018 pour faire le point.

J'ajoute que le représentant de la Mauritanie était plutôt réservé sur le bien-fondé du G5.

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