Intervention de Olivier Cadic

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 17 janvier 2018 à 9h30
Évolution des politiques publiques de promotion des exportations et de l'attractivité de la france auprès des investisseurs étrangers — Audition de M. Christophe Lecourtier directeur général de business france

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

Je m'associe évidemment au concert de louanges eu égard à ce qui s'est passé en Australie, où j'étais encore récemment.

Je serai sur une ligne un peu différente. Les ministres chargés du commerce extérieur qui se sont succédé ont tous rivalisé d'ambition en baptisant leurs programmes du nom de Cap export, Force 5, Équipe de France de l'export, So French So Good, Diplomatie économique. Maintenant, il est question de Team France.

Chaque fois, derrière ces mots pompeux, toujours des bouquets de mesures fanées d'aide à l'export en faveur des PME. On en voit les résultats aujourd'hui.

Cela fait trois ans qu'a été créé Business France et voyons un peu les résultats : en 2016, on a enregistré un déficit commercial de 48,1 milliards d'euros ; en 2017, on nous promettait un déficit de 20 milliards, et nous en sommes à plus de 60 milliards d'euros ; pour 2019-2020, nous ne disposons d'aucune prévision.

Ce qui m'intéresse, c'est de comprendre la corrélation entre les actions qu'on mène et les résultats, absents. Quelle est la corrélation entre le programme que vous présentez et l'impact sur notre balance commerciale ?

J'observe que nous sommes passés en deuxième position, derrière l'Espagne, dans les exportations à destination du Maroc. Pourquoi ? Parce que Renault a installé une usine de fabrication de moteurs dans le sud de l'Espagne ! Notre balance commerciale est désormais déficitaire avec le Maroc. Pourquoi ? Parce que Renault a installé une usine à Tanger et réexporte vers la France 15 % de sa production.

Quel est le premier exportateur de véhicules produits en France vers l'Italie ? Toyota ! Qui aide-t-on ? Il faut avoir une compréhension de l'action ambitieuse que vous présentez et voir en quoi elle aura un impact sur notre commerce extérieur.

Vous voulez aider les PME à exporter et vous dites qu'entre un quart et un tiers de celles qui exportent ne réexportent pas l'année suivante. Or le problème ce n'est pas qu'elles arrêtent d'exporter, c'est qu'elles exportent depuis l'étranger. Vous les aidez à partir à l'étranger et une fois qu'elles y sont, elles commerceront depuis l'extérieur de la France, ce qui n'aura aucun impact notre balance commerciale.

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