Le développement durable des territoires littoraux et la lutte contre les phénomènes naturels de submersion marine passent incontestablement par un développement de l’éducation à la culture des risques. Or, à ma connaissance, il n’y a aujourd’hui, en France, qu’un organisme actif en la matière. Il s’agit de l’IFFO-RME, association nationale qui intervient à la fois auprès des élus locaux, à la demande des préfets, et en milieu scolaire, pour sensibiliser les populations à ces risques majeurs. Cette action me paraît tout à fait nécessaire.
Lorsque j’étais président du conseil général de la Somme, département maritime qui compte 70 kilomètres de côtes, soit autant que le littoral belge, j’avais toujours peur, lors des violentes tempêtes, avec des coefficients de marée importants, que les services départementaux ne me réveillent la nuit pour m’annoncer que Cayeux-sur-Mer, station balnéaire de la côte picarde, située au sud de la baie de Somme, était devenue « Cayeux-sous-Mer ». En effet, il y a aussi, sur le littoral picard, des bas-champs, autrement dit des polders, ces terres qui, au cours de l’histoire, ont été gagnées par les hommes sur la mer.
Dire qu’aujourd’hui, avec le réchauffement climatique et le rehaussement du niveau marin, les risques de submersion sont réels sur la côte picarde n’a rien d’une élucubration du savant Cosinus. J’ai d’ailleurs du mal à comprendre que le président de l’un des plus puissants pays du monde puisse confondre météo et climat : la météo vaut pour un moment donné, quand le climat retrace une évolution dans le temps. On peut le constater. Cela est d’ailleurs déjà arrivé en 1991.
Cependant, il faut faire comprendre aux populations que le retour de la mer là où l’on a autrefois gagné des terres n’est pas forcément un inconvénient et peut présenter des atouts, car il peut permettre de développer de nouvelles activités économiques : développement de ports de plaisance, ostréiculture ou encore chasse, avec la possibilité de construire des huttes flottantes.
Enfin, je veux rappeler que j’ai été, en 2015, corapporteur, pour le Sénat, d’un rapport intitulé Xynthia, cinq ans après. Je m’étais porté volontaire, parce que j’avais constaté une similitude des problématiques sur les littoraux picard et vendéen. Je peux vous assurer que ceux d’entre nous qui se sont rendus sur place et ont entendu les responsables des associations de victimes ont été véritablement traumatisés.
Il faut donc prendre le problème à bras-le-corps. Cela commence par une éducation aux risques majeurs.