Intervention de Frédéric Marchand

Réunion du 31 janvier 2018 à 14h30
Véhicules autonomes : enjeux économiques et cadres légaux — Débat interactif

Photo de Frédéric MarchandFrédéric Marchand :

Hasard du calendrier ou sens de l’à-propos de nos collègues du groupe Union Centriste, nous débattons des véhicules autonomes alors qu’un grand quotidien national d’information, dans son édition datée de demain, consacre une page complète à une expérience en cours à Pittsburgh, aux États-Unis.

Certes, un océan sépare Pittsburgh de notre pays… En France, les expérimentations sont aujourd’hui autorisées au cas par cas, par dérogation, après validation par cinq instances différentes : ministère des transports, ministère de l’intérieur, gestionnaire de la voirie, autorité de la police de la circulation, autorité organisatrice des transports. Cette procédure d’autorisation des expérimentations dure en moyenne quatre mois, ce qui reste un délai important au regard des temps d’innovation très courts dans le monde du véhicule autonome.

L’entreprise Valeo a ainsi été confrontée à de nombreuses difficultés pour faire rouler son véhicule autonome dans les rues de la capitale. Son objectif était de le tester sur la place de l’Étoile, réputée comme la section de la voirie la plus difficile de Paris. L’image a fait le tour du monde et renforcé la place de leader mondial de l’équipementier français. Il aura fallu que ce parcours du combattant se termine à l’Élysée !

Certes, notre pays a progressé en se dotant d’un cadre ouvert à tous les cas d’usage, responsabilisant pour les pétitionnaires et exigeant en termes de retour d’expérience. Ainsi, vingt-sept expérimentations ont été autorisées entre 2015 et avril 2017, avec vingt-deux retours reçus par l’administration, soit près de 100 000 kilomètres parcourus au total.

Ces expérimentations, nous le savons, joueront par la suite un rôle primordial lors de l’écriture de la réglementation européenne. Sans doute serait-il maintenant opportun de passer à la deuxième étape, en favorisant la réalisation de tests à grande échelle en conditions réelles.

Notre pays pourrait s’inspirer, par exemple, du modèle suédois Drive Me, qui consiste à faire tester cent véhicules autonomes pendant un an par des particuliers et sans ingénieur à bord. Ce vaste projet collaboratif peut compter sur un soutien financier important d’un fonds d’innovation et de recherche stratégique sur les véhicules réunissant les pouvoirs publics suédois et l’industrie automobile.

Ces tests permettront d’identifier les réactions de personnes lambda aux fonctions d’autonomie et, surtout, apporteront les premières réponses à la question majeure de la cohabitation, sur les routes, des véhicules autonomes et des véhicules classiques. Réaliser des tests à grande échelle en imposant aux usagers de produire des retours d’expérience complets devrait permettre de tirer les premières conclusions.

Ma question est donc simple, madame la ministre : la France est-elle prête à s’inscrire dans cette dynamique ?

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