Je remercie le groupe Union Centriste de nous avoir donné l’occasion de ce vaste et riche débat.
Il y a dix ans, le véhicule autonome relevait de la science-fiction. Dans dix ans, il sera une réalité, ce qui impose à l’ensemble des responsables publics de se saisir immédiatement du sujet.
En effet, cette révolution technologique nous invite à repenser en profondeur les mobilités. Envisagé dans un cadre multimodal intelligemment conçu, le développement des véhicules autonomes est porteur de grandes promesses en matière de sécurité routière, de transition écologique et de confort de déplacement.
Cependant, les questionnements et les inquiétudes écologiques, économiques, éthiques et réglementaires ne manquent pas, comme en témoigne notre débat.
À dire vrai, nous n’avons à ce jour qu’une seule certitude : la disparition progressive, dans les deux ou trois décennies à venir, de la quasi-totalité des emplois de chauffeur et de conducteur de taxi, de VTC, de bus, de tram, de train et de camion. Il s’agit là de près d’un million de travailleurs ! La question de leur reconversion est primordiale.
Plus largement, tous secteurs confondus, ce sont de 50 % à 80 % des emplois existants qui auront disparu en 2050, selon les études qui se succèdent sur le sujet, par exemple celles de l’université d’Oxford ou de l’OCDE. Il est donc indispensable de réfléchir dès maintenant à la reconversion et à l’accompagnement de ces travailleurs. De la répartition et du temps de travail à l’architecture de la protection sociale, il faut repenser toute notre organisation du travail, que ce soit autour du revenu universel ou d’autres dispositifs.
L’explosion des gains de productivité nous offre une source de financement toute trouvée, que d’aucuns auraient appelée « taxe robot ». Ce n’est pas une coïncidence si ces solutions sont aujourd’hui envisagées par de grandes figures de l’économie numérique telles que Bill Gates, Mark Zuckerberg et Elon Musk, patron de Tesla, pionnier des véhicules autonomes.
À nous d’anticiper ces évolutions pour transformer cette innovation en amélioration de la qualité de vie pour tous. Madame la ministre, l’inventivité technologique nous pousse à être inventifs socialement. Comment le Gouvernement envisage-t-il d’accompagner ces bouleversements ?